DIALOGUE INTERRELIGIEUX : DECLARATION DE MAGNIFICAT DES CATHOLIQUES MALIENS DE France SUITE AUX PROPOS DU MINISTRE CHARGE DES AFFAIRES RELIGIEUSES ET DES CULTES.

Mardi 31 aout 2023

LA LAICITE, UN BIEN COMMUN A DEFENDRE ET A PROTEGER

Depuis quelques années, la laïcité, dans notre pays, est en danger. Les actes djihadistes de 2012 et 2013 en ont été le prélude ; la guerre déclarée par les mêmes prétendus Héraults de Dieu a poursuivi l’œuvre de sape d’un ciment essentiel de la société malienne. Est-ce consciemment ou non, les propos du Ministre des affaires religieuses et des cultes, sur un « Etat Islamique du Mali » lors de la rencontre avec les imams du pays, jettent une ombre inquiétante sur son avenir.

Des Maliens, à l’intérieur du pays et d’autres de la diaspora, réagissent régulièrement et interpellent, et les Maliens en général et les Gouvernants en particulier, sur le danger qui nous menace tous ! A toutes ces voix, nous tenons, nous, chrétiens maliens en France, à joindre la nôtre et dire notre très grande inquiétude.

Au fond, que signifie la laïcité aujourd’hui ? Certes, ce terme a une histoire, un passé et, souvent, il a été mal interprété. Ce qui nous importe, c’est sa signification pour nous aujourd’hui. Aujourd’hui, la laïcité signifie la reconnaissance de chacun dans sa foi, dans sa croyance ou sa non-croyance. C’est la tolérance qui est seule capable de favoriser le « vivre ensemble ». L’expérience des peuples et de toute l’humanité révèle que le totalitarisme idéologique ou religieux a été la source de trop de malheurs et souffrances sur notre terre, des guerres de religions à toutes les idéologies, y compris marxistes, dès qu’elles se prétendent uniques et détentrices de l’unique vérité à imposer au monde entier, pour le sauver de lui-même !

La laïcité est le choix raisonné pour une vie collective possible par la tolérance et la reconnaissance de chacun.

Nous, chrétiens maliens en France, attachés à notre pays où vivent nos parents et où nous voulons pouvoir retourner un jour, ou nos cendres et nos enfants, nous, parce que Maliens, comme tout autre, voulant le développement économique, social, moral et culturel de ce pays, nous demandons instamment aux pouvoirs publics de ne pas céder à la tentation de la démagogie, de ne pas céder au chantage de la vertu qu’incarnerait la charia dans la gouvernance de l’Etat. Nous ne sommes pas naïfs : la mal gouvernance politique et financière du pays n’est pas tolérable. Mais « il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain ». Devant la situation afghane, l’un de nos compatriotes s’est étonné : « Pourquoi les talibans ne sont-ils pas accueillis par des chants et des cris de liesse à leur arrivée à Kaboul ? » Sans doute parce que de nombreux Afghans se reconnaissent musulmans, mais certainement pas dans l’islam des talibans. De même, les Maliens sont majoritairement musulmans, mais le Mali n’est pas un Etat musulman. C’est l’un des premiers amalgames qu’il faut réfuter.

La laïcité sous-entend une bonne articulation de quatre éléments : la liberté de conscience (incluant la liberté de religion), l’égalité des droits sans condition religieuse (principe de non-discrimination), la séparation ou la neutralité de l’Etat face aux religions (son gouvernement est régi par d’autres règles que celles émanant d’une religion). L’application de ces règles constitue des garde-fous en faveur du respect de l’autre, de la « vie-ensemble », tout simplement de la fraternité, en somme de la solidarité nationale.

Avec la laïcité, les croyants sont invités à vivre avec d’autres croyants qui ne croient pas comme eux, qui ne vivent pas les valeurs religieuses comme eux. La laïcité permet à chacune, à chacun, de tenir compte de l’autre et de tous, pour vivre en paix, dans l’harmonie, le respect, dans la même République, dans le même pays, avec la même égalité.

Les musulmans peuvent avoir diverses interprétations du texte du Coran ; il en va de même pour les chrétiens ou les adeptes des religions des ancêtres pour leurs textes ou traditions. Cependant, chacun de nous est invité, au nom de la laïcité, à ne pas céder aux tendances dominatrices, celles qui confisquent la liberté des autres, pas même « au nom de son Dieu », aussi Unique soit-il !  

Aussi, pour être « Un Peuple, un But, une Foi », les Maliens se doivent de respecter et de défendre cette disposition très simple des différentes constitutions ayant régi NOTRE pays : « Le Mali est une république… laïque » ( art. 1er constitution de la République soudanaise du 29 janvier 1959 ; art. 1er de la constitution de la République du Mali du 22 septembre 1960 ; art. 1er de l’Ordonnance du CMLN du 28 novembre 1968, art. 1er de la constitution de la République du Mali du 1er juillet 1974 et art. 25 de la constitution de la République du Mali du 25 février 1992). Une telle constance est la preuve d’une certaine sagesse.

Guillaume Diallo, Eloi Diarra et Pierre Diarra, au nom de l’association Magnificat des Catholiques Maliens de France


SAMEDI 28 AOUT 2021

RENCONTRE D’URGENCE DES CHEFS RELIGIEUX DU MALI

Chers (ères) collègues,

Par ce message nous vous informons que les principaux responsables des institutions religieuses du Mali se sont réunis ce jour 28 août 2021 à la résidence de Cherif Ousmane Madani Haidara à Sébeninkoro. La rencontre a été organisée sur l’initiative de l’imam Mahmoud Dicko, Président du Centre (CIMD) qui porte son nom. La rencontre a rassemblé les principales autorités religieuses du pays á savoir :

– le Cherif Ousmane Madani Haidara, Président du Haut Conseil Islamique du Mali ( HCI);

l’Imam Mahmoud Dicko, Président du CIMD;

– le Cardinal Jean Zerbo, Archevêque metropolitan de Bamako,

– le Reverend Nouh Ah Infa Yattara, délégué général de l’Association des groupements d’églises et missions protestantes évangéliques du Mali (AGEMPEM).

La facilitation a été assuré par votre serviteur : Boubacar Ba, Coordinateur scientifique du CIMD. Etaient présents en tant qu’assistants de ces autorités religieuses :

– Maki Ba (HCI);

– Moufa Haidara (HCI);

– Thierno Hady Tall (HCI);

– Abbe Alexandre Denou;

– Djibril Kalane Toure (AGEMPEM);

– Daniel Thera (AGEMPEM);

– Sorry Maiga (CIMD);

Abdoulaye Sissoko ( CIMD).

Les représentants des familles fondatrices de Bamako (Niare, Toure, Drave) ont été préalablement informés hier soir et ont donné leur accord et leur bénédiction à cette importante rencontre.

Les principaux leaders religieux se sont penchés sur la paix et sur le sursaut national face à la crise multidimensionnelle que traverse le Mali. Le temps est venu de rompre avec le silence et faire date avec l’histoire du Mali. Ils se sont mobilisés tous pour aider à stopper l’hémorragie actuelle marquée par les différentes crises graves qui secouent le Mali et l’Etat- nation. Après trois (03) heures de discussions franches et pertinentes les principales ont porté sur les points suivants :

  1. Lancer un appel pour un sursaut national pour mobiliser les maliens et maliennes en vue de mettre un terme aux malentendus, antagonismes et confits qui assaillent le pays. L’appel sera lancé par les principaux leaders religieux dans les deux jours à venir ;

       2. Produire et diffuser un mémorandum des autorités religieuses, coutumières et   traditionnelles en faveur de la paix et le sursaut national

la semaine prochaine;

  • Amorcer dans les jours à venir un plaidoyer pour la paix et la réconciliation auprès des gouvernants et acteurs sociaux, des acteurs armés en belligérance et de la communauté internationale ;

         4. Organiser une journée de prière pour le retour de la paix au Mali dans les jours à venir.

En définitive les autorités religieuses et traditionnelles ont décidé de s’engager ensemble et parler de la nième voix pur faire face au péril qui guette le pays et demander le sursaut national. C’est une mission de haute portée patriotique. C’est une belle page de l’histoire du Mali qui va s’ouvrir. Comme l’a dit Martin Buber, cité par Andrea Riccardi dans son livre interview intitulé « Tout peut changer » les Editions du Cerf, 2009 :  » la responsabilité de chaque homme est une sphère infinie. L’homme se meut, il parle, il regarde, et chacun de ses mouvements, chacune de ses paroles, chacun de ses regards transforme le devenir du monde, sans qu’il sache la force et l’amplitude de ce mouvement. De tout son être et de tout son agir, chaque homme détermine le destin du monde dans une mesure qui lui est inconnue, à lui et à tous les autres ». Les jours à venir nous édifieront si les solutions envisagées seront une chirurgie d’espoir de paix pour chacun de nous. C’est l’espoir de votre serviteur qui y croit que c’est encore possible si on s’y met à temps pour le Mali. Ci- dessous quelques photos de la rencontre.

Cordialement.

Boubacar Ba

Coordinateur scientifique du Centre CIMD

Bamako-Mali

Téléphone: (00223) 74184581

Email : boubacarba825@gmail.com

Wilfried Christian

créateur de site internet Word Press ,Elementor

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