IN MEMORIAM : HOMMAGE AU PERE PROSPER KAMARA PREMIER PRETRE MALIEN.

Le Père Prosper Kamara était né de parents chrétiens, le 15 Octobre 1902  à Dinguira, petit village du Cercle de Kayes, appartenant alors au Soudan Français (actuellement République du Mali). Il fit ses études secondaires  dans son diocèse (diocèse de Bamako), étant un des premiers élèves du Petit Séminaire, Un Petit Séminaire un peu spécial, il faut le dire, et qui, tout en étant un véritable Petit Séminaire, ne ressemblait en rien, c’est sûr! aux vastes établissements bien organisés qu’évoquent ces mots actuellement.

C’était l’époque des commencements, époque de foi admirable des pionniers qui, dès les débuts d’une mission difficile, et malgré le manque de tout, absence des installations et pénurie du personnel  n’avaient pas peur de regarder d’emblée vers l’oeuvre essentielle du clergé africain et d’en jeter les bases. Commencé en 1919 à Ségou, sous la direction du Père Courteille, le Petit Séminaire, pendant plusieurs années, fut, pour ainsi dire, « itinérant », se déplaçant avec lui. C’est .ainsi qu’en 1919-1920 il est à Ségou; en 1920-1921, à Minankofa; en 1921-1922, à Kita; de 1922 à 1924, de nouveau à Ségou; enfin, à partir de 1924, à Kati, où il devient tout de Même un peu plus stable, du moins pour quelques années!: C’est là que Prosper Kamara termine ses études. Secondaires, seul « survivant » des toutes premières années. Arrivé au terme, il redouble sa rhétorique.

Puis en Octobre 1929, comme il n’y avait pas encore de Grand Séminaire sur place (Koumi ne sera ouvert qu’en I935), il part pour le Séminaire de Philosophie de Kerlois, en France, décidé, d’ailleurs, à devenir Père Blanc, si Dieu le veut!  Il fait ses deux années de Philosophie à Kerlois (1929-1931), son année de Noviciat à Maison-Carrée (1931-1932), enfin ses quatre années de Théologie à Carthage (1932-1936). Il se lie à la Société par le Serment, le 28 Juin 1935. Enfin il est ordonné prêtre le 29 Juin 1936, étant ainsi le premier prêtre de toutes nos Missions d’Afrique Occidentale et précédant de six ans la première ordination qui devait sortir du Grand Séminaire de .Koumi, en 1942.

Le Père Kamara fut envoyé, comme il le désirait sans doute, au Vicariat Apostolique de Bamako, son Vicariat d’origine. Nous ne le suivrons pas dans le détail de ses nombreuses affectations. Il suffira d’en donner ici une simple énumération: Ségou (à deux reprises), Bamako, Kita (également à deux reprises), Kati (à deux reprises encore), Faladjè, Bougouni et enfin Ouéléssébougou, son dernier poste.

Deux fois il retourna en France pour des congés, en 1948 et en 1956. Il en profita, la première fois, pour y faire sa Grande Retraite à Kerlois, dans le Séminaire même où, en Octobre 1929, il avait fait sa Philosophie et était entré dans la Société des Pères Blancs,

Partout où il fut appelé à travailler, le Père Kamara fut estimé et très aimé ‘de tous. Il était bon et charitable, ouvert à tous. Plein de sagesse africaine, compréhensif et toujours d’humeur égale, il faisait ‘discrètement beaucoup de bien. On avait souvent recours à lui -dans les cas difficiles. Il devinait une situation – à demi-mots. Il ne brusquait rien, ne brisait rien. Sa bonté engendrait la confiance: les gens se sentaient a l’aise avec lui. Il était écouté de tous; les non-chrétiens eux-mi_sun-es recouraient parfois à lui pour recevoir conseils et consolation. Il a .ainsi remis la paix dans bien des foyers;

il a ramené dans le droit chemin bien des égarés. Il était gai, optimiste, un peu malicieux même… Il avait le mot pour rire; et cela plaisait.

Il ne faisait pas acception de personne: on le voyait dans toutes les.-« cases ».; dans toutes les .maisons, chez .l’homme de la brousse comme chez .l’évolué, chez le riche comme chez le pauvre. Il n’avait pas d’ennemi.

Sa bonté cependant- ne l’empêchait pas  de dire la Vérité. Mais il le faisait toujours avec calme; et c’était le secret de

sa force. Calme, lenteur, modération, tout cela -n’était pas toujours compris de ses confrères européens…

Dans ses premières années d’apostolat, ardent et zélé; il ne se ménageait guère. Il aimait la « brousse », faisait beaucoup

de tournées, et se réservait volontiers les plus longues, les plus. pénibles. Avec l’âge et la fatigue, son rythme se ralentit et de plus en plus il appréciait le calme et la tranquillité. Il est vrai aussi qu’il n’eut toujours qu’une santé plutôt fragile, qu’il devait ménager et soigner. .

Au cours de ses tournées; il aimait à faire un peu- de chasse; et il était heureux, quand il le pouvait; d’offrir du

gibier à ses nombreux amis.

Désintéressé, il aidait volontiers les pauvres. Il n’était pas regardant et prêtait volontiers ses affaires personnelles, son fusil, son vélo. Ses sermons étaient très goûtés: il parlait bien le barnbara; il avait la sagesse des vieux et faisait « passer toute son âme sacerdotale dans ses paroles, surtout lorsqu’il parlait de la Sainte. Vierge.

Dans. la vie de communauté, il était à l’aise avec, tous les confrères, et tous étaient à l’aise avec lui. Se rendant bien compte de la différence des mentalités, il n’avait pas peur de dire en toute simplicité ce qu’il pensait. Et on pouvait, de même, lui dire très simplement tout ce qu’on pensait .Il était très estimé de tous.

Enfin comment ne pas signaler- .sa piété, qui était profonde et édifiante. Dans les dernières années surtout, alors

qu’il ne pouvait plus avoir qu’une activité réduite, il passait, chaque jour, un long temps- à prier, à réciter son bréviaire

et plusieurs chapelets; et c’était souvent à l’église. C’est à Ségou que la mort, subitement, l’a emporté, -aux premières

heures du -Dimanche 3 Septembre 1961. Il, y était venu en visite, de son poste de Ouéléssébougou. On l’a retrouvé

inanimé dans son lit, le matin, à l’heure où il devait célébrer la première messe.

Avec. lui disparaît le tout premier prêtre et Père Blanc africain, non seulement du Mali, mais de toutes les Missions confiées à notre Société en Afrique Occidentale.

Les obsèques ont eu lieu, dans la soirée, au milieu d’un grand concours de fidèles. Monseigneur l’Archevêque de

Bamako était présent, ainsi que le- R.P. Vicaire Général et tous les prêtres africains qui avaient pu venir. -Les Autorités.

civiles et militaires étaient représentées, -en particulier par le Vice-Président de l’Assemblée- Législative de la République

du Mali.

Le Père Kamara- repose dans le .cimetière de Ségou, à côté de plusieurs autres missionnaires, Pères et Soeurs, et au

milieu. de nombreux chrétiens. A un moment, où bien peu, -sans doute, y pensaient, ii

a montré à ses compatriotes .1a voie du sacerdoce. Sa constance à y marcher jusqu’au but a été une lumière et un

encouragement pour beaucoup de ceux qui l’ont suivi et qui sont prêtres aujourd’hui

Dors en Paix Père Kamara.


IN MEMORIAM : PERE FRANCOIS DIALLO, DEUXIEME PRETRE MALIEN.

François Diallo est né le 27 décembre 1911 à Fana, dans le cercle de Bamako, au Soudan Français (l’actuel Mali). Encore enfant, il fut adopté par une famille française qui l’emmena en France pour ses études. Il fréquenta l’école à Cannes et y fut catéchisé par les Sœurs Auxiliatrices du Purgatoire. Il reçut le baptême le ler décembre 1923. Ayant exprimé le désir de devenir prêtre, il entra au petit séminaire de Thonon (Haute Savoie). Il y contracta de solides amitiés qu’il retrouvera plus tard.

Puis il demanda à entrer à Kerlois, fit son noviciat à Maison-Carrée (1933) et sa théologie à Carthage. Déjà à Kerlois, il souffrait de migraines, ce qui le gênait dans ses études, mais il les supportait courageusement. Au noviciat, il connut des moments de dépression, une certaine tendance à la neurasthénie mais, soutenu par le Maître des novices, il persévéra dans sa vocation.

Disposant d’une bonne mémoire, il suivit le cycle habituel des études et se montra doué pour les langues. Confrère dévoué et serviable, agréable en communauté, il supportait bien les petites taquineries entre scolastiques. Sa santé posait davantage de problèmes.

Comme il avait quitté l’Afrique à l’âge de 10 ans, on l’envoya, avant son serment, pour une probation au Mali. Les Pères de Ouoléssebougou donnèrent sur lui un jugement positif: « Depuis qu’il est parmi nous, le Fr.Diallo s’est montré plein d’activité… Il est toujours prêt à partir en tournée, à faire le catéchisme ou n’importe quelle autre chose… Il nous a rendu beaucoup de services et il serait plus utile encore s’il était prêtre. »

François fit son serment à Bamako le 20 juillet 1939, fut ordonné sous-diacre le 21 juillet, diacre le 22 juillet et prêtre le 23 juillet 1939. Il retourna à Ouoléssebougou où il fit du bon travail pendant plusieurs années.

Il faisait ses tournées ‘à la soudanaise’, des tournées très longues, logeant chez les gens et mangeant la nourriture indigène. Après quelques années de cette vie assez dure, il eut un accroc de santé: des crises d’asthme assez fortes. Il ne supportait plus l’humidité de l’hivernage, de sorte qu’un changement semblait s’imposer.

Les gens de Ouéléssebougou n’ont pas oublié le ministère du Père Diallo: cinquante ans après, de vieux catéchistes qu’il avait formés se souviennent de sa simplicité, de sa cordialité et parlent de lui avec vénération. Cette attitude avait sa source dans ses convictions spirituelles solides, et dans son zèle missionnaire.

1944: François va se reposer en sanatorium, après quoi il gagne l’Algérie (début 1945). Arrivé à Biskra, il apprend l’arabe, mais sa santé et des problèmes psychologiques ne lui permettent pas d’activité régulière. Il faisait pourtant des visites dans les quartiers, du catéchisme aux petits Européens. On le retrouve ensuite à Ghardaïa

(1947), de nouveau à Biskra (1948) et à El Oued (1950) où il s’occupait aussi d’une troupe scoute.

Avril 1953: François doit rentrer en France à cause de sa santé, il séjourne à Pau, mais là encore le climat était trop humide pour lui. Il fait sa grande retraite à Mours (septembre 1953). En 1954, il est nommé à Tassy. Cherchant un ministère, il fait des remplacements de l’aumônier à l’hôpital militaire de Fréjus. Il y avait beaucoup d’Africains parmi les malades et François réussissait bien. La direction générale de l’aumônerie militaire suggéra qu’on lui confie la fonction d’aumônier en titre, ce qui fut accepté. A Fréjus, François n’était pas loin de Tassy et pouvait garder contact avec la communauté. Il se dépensa dans ce nouveau ministère et gagna l’estime du personnel.

Mais il souffrait de plus en plus de son asthme: en 1957, il eut une crise plus grave, fut soigné à l’hôpital Pasteur de Nice où il séjourna d’abord comme malade, puis comme aumônier suppléant.

François avait de très bons amis à Caen, la famille Haupert où il passait assez régulièrement des vacances chez eux. En 1962, il eut là une nouvelle crise d’asthme assez violente et fut admis à l’hôpital de Caen. Il souffrait en outre de l’estomac et des yeux (cataracte). En 1967, Mr Haupert conduisit François à Bruxelles pour le faire opérer  de son ulcère à l’estomac et de sa cataracte.

Pendant l’année, François vivait à l’hôpital Pasteur, de Nice, où son ministère était très apprécié. Sa simplicité pour aborder les malades facilitait les contacts; ayant lui-même l’expérience de la maladie, il savait écouter et trouver les mots justes pour répondre. Il fut envoyé ensuite au Centre de convalescence de Tende. Là, le climat lui convenait bien et il avait moins de crises d’asthme. Il y prit sa retraite, dans un petit appartement. Ses amis dévoués continuaient à l’aider et à l’entourer. Il gardait des liens avec la communauté Pères Blancs de Tassy où il se rendait de temps en temps.

Malgré ses ennuis de santé, François aimait voyager: il allait tous les deux ans, faire un séjour de deux mois au Mali. Ces retours au pays natal étaient pour lui une joie. Il en profitait pour revoir sa famille et il était reçu par Mgr Luc Sangaré. Il visita aussi le Cameroun et Jérusalem. De sa dernière visite au Mali, il ramena un neveu et une nièce; il voulait se charger de leur éducation. De bons amis, près de Nice, accueillirent les deux enfants, qui firent leurs études et sont devenus des adultes qui font honneur à leur oncle.

François écrivait souvent à la Maison Provinciale et aimait recevoir des nouvelles de la Société. Il écrivait aussi à la Maison Généralice. En 1991, il écrivit au Père Renaud: « J’ai voulu me recommander à vos

prières et à celles de la Maison Généralice. Que je meure dans la sainte amitié de Dieu, c’est ce que j’avais à vous dire… J’ai fait ce que j’ai pu, là où Dieu m’a appelé. Aujourd’hui, je ne peux offrir qu’un sourire à ceux qu’Il m’envoie. »

Le Père Diallo est mort, comme il le souhaitait, dans la sainte amitié de Dieu. On l’a trouvé mort dans sa salle de bain, le 28 septembre 1996, suite à un arrêt cardiaque. Son visage était paisible. François était prêt pour l’appel du Seigneur.

Les obsèques ont été célébrées à Tassy par l’évêque de Nice, accompagné de son Vicaire Général et du curé de Tende. Son neveu et sa nièce étaient également présents. Mgr Luc Sangaré, archevêque de Bamako avait envoyé ses condoléances.

La vie de François Diallo nous montre que la vie missionnaire ne se déroule pas toujours selon nos prévisions.

Dors en Paix Père Diallo.

Revue Voix d’Afrique.


IN MEMORIAM :LE PÈRE GEORGES BOUVIER, FONDATEUR DE LA PREMIÈRE EQUIPE DE FOOTBALL DE BAMAKO.

La première équipe de football de la capitale sinon même du Soudan ( actuel Mali ) fut l’oeuvre du R.P Bouvier. En ce jour où se tient à Sikasso, l’Assemblée Générale Extraordinaire de la Fédération Nationale du Football du Mali, j’ai une pensée particulière pour lui. Et j’ose espérer que cette grande messe de la Fédération avec la présence de la TAS, mettra un terme à la crise qui secoue le football malien depuis pratiquement deux ans.

Le Révérend Père Georges BOUVIER est arrivé au Soudan ( actuel Mali ) en 1932. Il fut affecté à Kita où il résida 2 ans. Il a fondé en 1935 la Mission de Gualala, près de Yanfolila dans le cercle de Bougouni. En 1937, il est appelé à BAMAKO, nommé Supérieur du poste et Curé de Bamako.

En 1944, il est devenu Vicaire Général et Directeur de l’Enseignement libre pour le Diocèse de Bamako. Son activité l’amena à créer l’équipe de football de la Jeanne d’Arc dont il était le Président. Peu avant sa disparition, il avait été élu à l’unanimité Président du District des Sports pour le football.

Le 25 septembre 1952, la communauté catholique de Bamako est endeuillée: le Père Georges BOUVIER est mort accidentellement près de Bobo Dioulasso à l’age de 46 ans. Quand sa mort fut annoncée le 26 septembre, dans la matinée, à la population de Bamako, ce fut la stupéfaction et la désolation pour tous ceux qui connaissaient ce prêtre sympathique, organisateur et guide du football Soudanais. Ses funérailles ont eu lieu à Bobo Dioulasso, puis son corps est ramené par avion dans sa paroisse à Bamako.

Un service funèbre célébré par Monseigneur Leclerc, évêque de Bamako le 27 septembre à 17h30, réunit une foule immense de catholiques et de musulmans qui tiennent à lui rendre un dernier hommage. Son corps est inhumé au cimetière de Bamako-coura.

Le premier stade de la capitale, renommé après Stade Mamadou Konaté, portait son nom : stade Bouvier à Ntomikorobougou.

L’équipe de la Jeanne d’Arc est l’ancêtre du Stade Malien de Bamako.

Merci au Père Bouvier pour tout ce qu’il a fait pour le football malien.


IN MEMORIAM :MGR JEAN MARIE CISSE

« AU MILIEU, VOUS, COMME CELUI QUI SERT » ( Mt 20: 28 ) telle était sa devise.

Le matin du 4 novembre 1996, Monseigneur Luc Sangaré Archevêque de Bamako, envoyait un télégramme à Sa Sainteté le Pape Jean Paul II dont la teneur était la suivante :

 » Eglise du Mali a la profonde douleur annoncer à votre Sainteté le decès de Monseigneur Jean Marie Cissé évêque de Sikasso hier soir à 18h20 Stop. Implorons vos suffrages à la mémoire de notre très regretté défunt et vos bénédictions fraternelles sur nos communautés durement éprouvées. »

Jean Marie Cissé est né le 28 août 1932 à Siguiri ( République de Guinée ) de Daniel Cissé et de Marie Jeanne Traoré originaires de Ségou. Il est le premier d’une fratrie de neuf enfants. Son père Daniel enseignait à des enfants de l’Afrique Occidentale Française ( A.O.F ). C’est ce qui explique qu’il soit né à Siguiri.

Il reçoit comme ses frères et sœurs une éducation chrétienne d’une famille très chrétienne, influente et pieuse. Ses parents étaient fervents, sociables et modestes. A la suite de son oncle Gabriel Cissé, il entra de 1941 à 1951, au séminaire de Faladjè car il s’était attaché aux Pères Blancs Missionnaires qui lui ont donné le désir de devenir prêtre. Après ses études secondaires, il entra au Grand Séminaire Saint Pierre de Koumi ( Haute Volta, actuel Burkina Faso ).

Après une formation solides à travers ces institutions de l’Eglise qui l’ont préparé au sacerdoce, il est ordonné prêtre à Ségou le 4 avril 1959 par Mgr Pierre Leclerc. Il est selon le classement fait par le seminaire de Koumi, le 60e prêtre sorti de cette institution et le 10e prêtre malien selon les annales de l’Eglise du Mali. De 1965 à 1968, il s’inscrit à l’Université d’Etat et de 1968 à 1970, aux Facultés catholiques de Lyon où il obtint les licences en philosophie et en théologie.

A son retour au Mali, il est nommé Recteur du séminaire Pie XII où il restera jusqu’à sa nomination comme évêque de Sikasso le 8 juillet 1976. Il est sacré évêque le 8 janvier 1977 et intronisé le lendemain par Mgr Luc Sangaré, assisté par Mgr Didier de Montclos, évêque émérite de Sikasso et de Mgr Anselme Titiama Sanon alors évêque de Bobo Dioulasso. Il est 3e évêque africain du Mali apres Luc Sangaré ordonné le 26 mai 1962 et Julien Mory Sidibé ordonné le 7 décembre 1974.

Pendant 19 ans il conduit le diocèse de Sikasso, son premier champ de travail et de responsabilité. En 1987 il est élu Président de la Conférence Épiscopale. Il fera un second mandat jusqu’à la fin de sa vie.

Il aura pendant son premier mandat la lourde charge de conduire deux grands événements majeurs que vivra notre Eglise: le premier centenaire de l’Eglise du Mali, 1888- 1988 et la visite du Pape Jean Paul II au Mali les 28 et 29 janvier 1990. Il a également été le maître d’oeuvre de la construction du Sanctuaire Marial de Kita.

Sa maladie se déclare à Kimparana au cours du 2e semestre de 1995 et malgré la douleur, il ordonna prêtres en septembre 1995, les Abbés Jean Felix Dembele et Jean Baptiste Dembelé. Ceci fut sa dernière apparition officielle car Mgr Jean Marie Cissé ira de Bamako, au Bénin et du Bénin à Montpellier pour suivre des soins et son pèlerinage terrestre prit fin le 3 novembre 1996 dans sa résidence à Sikasso à l’age de 64 ans.

Mgr Jean Gabriel Diarra, évêque de San dira que Mgr Jean Marie Cissé a eu  » trois grandes passions » qui l’ont fait vivre et et qui l’ont fait souffrir:

1 – Passion pour le Christ

2 – Passion pour les vocations et la mission

3 – Passion pour le Mali

Ce soir du 3 novembre 1996, Mgr Jean Marie Cissé nous a quittés tristement mais dans l’espérance, avec cet appel:  » Lors de ma mort, célébrez la vie, fêtez la résurrection, annoncez l’évangile « . Et ce soir fut diffèrent des autres soirs car pendant la célébration eucharistique, au moment même de la consécration du pain, des pleurs et des cris se firent entendre à l’étage et l’obscurité se fit sur la ville suite à une coupure de courant. L’envoyé de Dieu venait de quitter le monde

Rendons grâce à Dieu, le Seigneur venait de moissonner dans le champ du Kenedougou.  » Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits » ( Jean 12: 24-26 ).

L’éléphant s’est couché dans le village des éléphants, symbole de la ville de Sikasso.

Monseigneur, dors en paix. Nous nous rappelons de ton départ comme si c’était hier.

Priez pour nous et surtout priez pour la Paix au Mali, toi qui t’étais investi dans l’accueil des réfugiés à Sikasso.


IN MEMORIAM : MONSEIGNEUR LUC AUGUSTE SANGARE

« Bè Jè MORY », 23 ANS DÉJÀ

« Ses interventions étaient attendues avec impatience par le peuple malien face aux différents problèmes, aux événements majeurs que connaît notre pays » dixit Kafougouna Koné, Ministre à cette époque de l’administration territoriale et des collectivités locales du Mali.

Le 11 février 1998, l’apôtre de la Paix, de la tolérance et du dialogue, Mgr Luc Auguste Sangaré, le premier évêque malien, s’est éteint à Abidjan où il participait à une rencontre des Évêques de l’Afrique de l’Ouest.

Quelles coïncidences de jour ! ( 11 février 1858, 11 février 1998 et 11 février 1913 ) Nous devons méditer sur tous ces signes de Notre Créateur.

Mgr Luc Sangaré est né le 20 juin 1925 à Ségou. Ordonné prêtre le 12 septembre 1954, Il est ordonné évêque le 26 mai 1962 à Bamako par Monseigneur Jean-Marie Maury, délégué apostolique au stade Ouezzin Coulibaly. Il est intronisé le lendemain, 27 mai 1962.

La CERAO ( Conférence Episcopale des régions d’Afrique de l’Ouest) dans sa version francophone a été fondée le 14 juin 1963, entre autres par Mgrs Luc Auguste Sangaré, Bernardin Gantin, Hyacinthe Thiandoum, Raymond-Marie Tchidimbo et Jean-Marie Cissé [2]. Présidents. Mgr Bernardin Gantin en 1963 et 1964 [3]. Mgr Bernard Agré de 1985 à 1991. Mgr Isidore de Souza en 1999 [4

Par sa mort, notre pays perdait ainsi un guide, un pasteur qui avait mis toute sa confiance au Seigneur et qui savait rassembler, un homme apprécié par tout le pays pour son « parler en vérité ».

Quant aux rapports de nos religieux avec les politiciens, je suis parfaitement d’accord avec lui qu’en prenant les cadeaux de ces responsables politiques, les responsables religieux se mettent à leur disposition. Et je citerais toujours le cas de feu Mgr Luc Sangaré qui a refusé la voiture donnée par Modibo Keita, en lui disant qu’il a déjà commandé sa voiture. Et tout le temps de sa vie d’Archevêque, il a respecté cette position noble. Tous les maliens se souviendront de ses vœux aux différents Présidents de la République où, il disait ce qu’il pense sans crainte. Mgr Luc, disait qu’il n’avait peur que de Dieu. Je pense que les actuels responsables peuvent en tirer des leçons et rester des recours pour le peuple en cas de crises.

Nous nous souvenons du 10e anniversaire de sa disparition en 2008 où parents, amis et collaborateurs, sont venus se recueillir pour sa mémoire. La messe, présidée par Mgr Jean Zerbo, Archevêque de Bamako, et animée par la chorale de « Notre dame des champs » de Missira, s’est déroulée en présence des ministres de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, Kafougouna Koné, de la Communication et des Nouvelles Technologies, Mme Diarra Mariam Flantié Diallo, et de l’Élevage et de la Pêche, Mme Diallo Madeleine Bâ. Y ont pris part également des représentants de l’AMUPI, Sidi Konakè, et de l’église protestante, Daniel Tangara.

Dans son homélie ce jour, Mgr Jean Zerbo avait rendu un vibrant hommage à l’infatigable apôtre de la paix. Il avait évoqué la sagesse et l’humilité de l’homme qui a souhaité être enterré dans l’allée centrale de la cathédrale. Aujourd’hui les fidèles marchent sur sa tombe pour aller vers le Seigneur.

Le ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, Kafougouna Koné, avait lui aussi salué le souvenir de cet infatigable homme de dialogue, apôtre de la paix, de la tolérance et de l’équité.

Chrétiens comme musulmans reconnaissaient en Mgr Luc Auguste Sangaré, l’homme de Dieu dont la pensée et l’action étaient toujours orientés vers tous les humains : « Bè jè ». C’est ainsi que beaucoup de gens n’hésitaient pas à venir se confier à ses prières pour la solution à leurs problèmes. A tous, il répondait qu’il n’avait ni don, ni pouvoir surnaturel. Il invitait, par conséquent, ces hommes et ces femmes à se joindre à lui pour faire monter leurs prières à Dieu, le Tout-Puissant.

Nombreux étaient, cependant, ceux qui revenaient lui dire leur satisfaction. « Allez et continuez à prier, car l’on ne prie jamais Dieu en vain », leur répondait-il et lui-même profitait de l’occasion pour rendre grâce au Créateur.

Oui, il est parti sur la pointe des pieds, rendant le peuple malien orphelin. Oui, celui qu’on disait « Bè Jè » s’en est allé.

En ce jour des 23 ans de ta disparition, Monseigneur, intercède auprès du Père pour la Paix au Mali, Paix qui était ton maitre-mot.

Dors en Paix Fila Tyè, Maitre des Baws.


IN MEMORIAM : MGR JEAN GABRIEL DIARRA EVEQUE DE SAN.

« Seigneur tu as vaincu la Mort, Seigneur tu as fait briller la Vie. Pour l’Eternité. » Voilà notre Foi et notre Espérance.

Cette phrase terminait le Message que Mgr Jean Gabriel Diarra avait adressé à Mgr Lacrampe du Diocèse de Besançon lors des obsèques du Lieutenant Daniel Boiteux tué en 2013 au Mali.

Ce 28 octobre 2019, le ciel pour nous, s’est assombri avec cette mauvaise nouvelle du rappel à Dieu de l’Évêque de San, Mgr Jean Gabriel Diarra. Après un séjour en Italie, il était revenu au Mali et hospitalisé à l’hôpital Mali – Gavardo de Sebeninkoro à Bamako jusqu’à la date de son décès. Malgré les soins intensifs et les prières, il nous a quittés dans la sérénité.

Jean-Gabriel Diarra est né à Oha (Kokakouan, nom administratif), cercle de Tominian, le 22 juillet 1945 du couple catéchiste Martin Diarra et Germaine Dakouo. Baptisé par le père Louis Libouban, le 16 août 1945 à Mandiakuy, il y est inscrit à l’école primaire catholique en octobre 1952. Admis au certificat d’études primaires élémentaires (CÉPÉ) en juin 1958, il entre au petit séminaire de Nasso, près de Bobo-Dioulasso, en Haute Volta (devenue Burkina Faso), le 23 août 1958. Il y obtient le brevet élémentaire du premier cycle (BÉPC) en juin 1963 et le baccalauréat, série B, en juin 1966.

Le Grand séminaire Saint- Pierre Claver de Koumi, 15 km à l’ouest de Bobo-Dioulasso, non loin de Nasso, l’accueille de septembre 1966 à juin 1972. Pendant sa formation à Koumi, il effectue un stage au collège Aupriais de Cotonou au Dahomey, actuel Bénin. Pour rehausser l’éclat de la célébration du Cinquantenaire de la paroisse du Sacré-Coeur de Mandiakuy, Mgr Joseph Perrot obtient que la date d’ordination presbytérale de son grand séminariste soit avancée de quelques mois.

Et c’est par l’ordination de l’abbé Jean-Gabriel Diarra que les solennités du jubilé d’or de la paroisse de Mandiakuy commencent dans l’après-midi du samedi 30 décembre 1972. (Source : Père Xavier Segretain dans Semaine Religieuse du Diocèse de Rouen, février 1973, pp.186-187). Ordonné prêtre, il devient le 4è prêtre du diocèse de San, après les abbés Tyèrè Jean Kwéné (27 décembre 1952), Abary Paul Dakouo (8 juillet 1965) et Joseph Dakouo (8 juillet 1967). À la messe d’ordination, Mgr Perrot était entouré de Mgr. Pierre Leclerc, évêque de Ségou et Mgr. Didier de Montclos De Pérouse, évêque de Sikasso. Nommé vicaire à la paroisse de Sokoura, il y devient le curé après un an (1974-1975).

Puis son évêque l’envoie en mission d’étude à l’Institut supérieur de culture religieuse (I.S.C.R.) d’Abidjan, Côte d’Ivoire (septembre 1975- juin 1978), pour une maîtrise en théologie et une habilitation au doctorat.

Son mémoire de licence réalisé sous la direction du Père N. Guillemette s.j. est intitulé “Valeur de l’imagerie parabolique dans la transmission de la foi en Afrique“ (1976-1977). De 1978 à 1982, la Conférence épiscopale du Mali le nomme recteur du Moyen Séminaire interdiocésain Pie XII de Bamako à Hamdallaye. Au cours de son mandat dans le Moyen Séminaire interdiocésain de Bamako, il enseigne la philosophie au lycée Prosper Kamara. Il épaule aussi le responsable national des émissions catholiques à l’ORTM en produisant et en animant “ Sur le chemin du Seigneur” (émission catholique radiotélévisée) à la radio et à la télévision.

Le 14 janvier 1983, l’abbé Diarra prend l’avion pour Paris, afin de suivre des cours et des séminaires à l’Institut catholique, tout en préparant sa thèse : “Langage Bo et expression de la foi chrétienne” (février-décembre 1983).

En septembre 1984, la Conférence épiscopale lui confie la responsabilité du Grand Séminaire Saint-Augustin qui ouvre ses portes d’abord au Centre Abbé David Traoré de Bamako-Sébéninkoro en le nommant recteur. Plus tard, le Grand Séminaire Saint Augustin s’installera dans ses propres locaux à Samaya près de Bamako, à l’occasion de la célébration du premier Centenaire de l’Église catholique au Mali en novembre 1988.

L’abbé Jean-Gabriel Diarra restera toujours doctorant puisque sa nomination en tant qu’évêque de San le surprendra au moment où, il s’apprêtait à se rendre à Paris pour sa soutenance.

Mgr Jean-Gabriel Diarra a pris possession du diocèse de San le 8 janvier 1989, après la messe d’intronisation.

Depuis, il œuvre à la consolidation de l’héritage laissé par Mgr Perrot. La Mission continue. De janvier 1997 à 2008 Mgr Diarra a présidé la Conférence épiscopale du Mali, l’assemblée des évêques d’un même pays ou d’une même région.

Monseigneur Jean Gabriel Diarra, a été conduit à sa dernière demeure le samedi 9 novembre par une foule composée de fidèles catholiques et d’autres confessions religieuses, venus du Mali et du monde. Les rites funéraires qui se sont déroulés dans la cathédrale « Notre Dame de Lourdes » de San ont enregistré la présence d’éminentes personnalités, notamment le cardinal de Bamako Jean Zerbo, la délégation.

Je l’ai rencontré pour la dernière fois au Vatican à Rome en 2017 lors de la Création du Cardinal Jean Zerbo et nous avions passé le lendemain, toute l’après midi ensemble avec tous les participants et officiels à l’invitation de Son Excellence Bruno Maiga alors Ambassadeur du Mali en Italie. Par le cousinage, il aimait me taquiner ce qui a maintenu entre nous ce lieu Peul- Bwa.

Les catholiques maliens de France ont été en communion de prières avec l’Eglise du Mali le 9 novembre au moment où se passait l’enterrement de Mgr Jean Gabriel Diarra, Evêque de San au cours d’une Messe de Requiem organisée en l’Eglise Ste Jeanne d’Arc du 18 e arrondissement de Paris.

Dors en paix mon Bwa Tyè. Nous ne t’oublierons pas.

PRETRES (DIOCESAINS ET RELIGIEUX)DEFUNTS DU MALI

Nous avons une pensée pieuse pour tous nos prêtres Maliens qui ont servi l’Eglise Famille de Dieu du Mali et qui ont été rappelés par le Père. Merci pour tout le service rendu et tous les sacrifices consentis pour l’évangélisation et l’animation de la vie chrétienne de la communauté Catholique.

Que leurs âmes reposent éternellement dans la Paix du Christ.

    NOMS ET PRENOMS  DIOCESE  DATE DE DECES
  1  Père Prosper KAMARA  Missionnaire d’Afrique  9 septembre 1961
  2  Abbé Etienne DIAKITE  Kayes  1973
  3  Abbé Gaston TRAORE  Bamako  1981
  4  Abbé David TRAORE  Segou  11 mai 1987
  5  Abbé Paul DAKOUO  San  10 juin 1987
  6  Mgr Bâ Antoine DIARRA  Prélat Bamako  15 novembre 1995
  7  Père François DIALLO  Missionnaire d’Afrique  28 septembre 1996
  8  Monseigneur Jean Marie CISSE  Sikasso  3 novembre 1996
  9  Monseigneur Luc SANGARE  Bamako  11 février 1998
  10  Abbé Joseph ZERBO  Fidei donum Segou  13 octobre 1998
  11  Abbé Pierre KANOUTE  Kayes  2 avril 2000
  13  Abbé Jacques DIARRA  San  2 janvier 2001
  14  Abbé Thomas DOUYON  Mopti  24 octobre 2001
  15  Monseigneur Julien Marie SIDIBE  Segou  17 mars 2003
  16  Mgr Jean KWENE  San  1er octobre 2004
  17  Abbé Alphonse DOUYON  Mopti  2 avril 2005
  18  Abbé Vincent KASSOGUE  Mopti  14 aout 2005
  19  Abbé Joseph BAYA  San  19 décembre 2005
  20   Abbé Félicien DOUYON (  Mopti  28 décembre 2007
  21  Abbé Sylvain CAMARA  Bamako  20 juillet 2008
  22  Monseigneur Joseph DAO  Kayes  20 octobre 2011
  23  Abbé François d’Assise DEMBELE  San  25 novembre 2013
  24  Abbé Pierre BERTHE  Sikasso  6 février 2015
  25  Abbé Théophile DIALLO  Segou  23 juin 2015
  26  Abbé Cyriaque DIARRA  San  17 mai 2016
  27  Abbé Noé TOGO  Mopti  3 septembre 2016
  28  Mgr Georges FONGHORO  Mopti  22 septembre 2016
  29  Mgr Jean-Gabriel DIARRA  San  28 octobre 2019
  30  Abbé Bernard KANE  Bamako  12 mars 2020
  31  Abbé Jean BELLO  Mopti  5 décembre 2020
  32  Abbé Oscar THERA  San  17 juin 2021
Publication :
Guillaume DIALLO
ingénieur Gestionnaire
de Projets-Paris
Chevalier de l’Ordre
National du Mali

                                                                                                                                                             5 octobre 2021

                                        HOMMAGE AU PERE HENRI CAVROIS

“ JOFEN BE YE DAFEN YE”

Père Henri Cavrois dit Samaké, vous avez pratiquement donné toute votre vie active à l’Eglise Famille du Mali, une famille comptant moins de 4 % de la population globale, mais soudée et respectée. Vous avez au cours de ces années sacerdotales éduquer, former et accompagner des jeunes qui forment aujourd’hui l’ossature de cette église. Les séminaristes que vous avez formés et accompagnés constituent en ce jour le socle de notre épiscopat.

Père Henri Cavrois, vous nous quittez juste le week-end des cérémonies d’ordination de prêtres au Mali ce qui restera pour nous une date référence. Dieu a donné, Dieu a repris, nous y croyons et nous vivrons avec cette espérance de partager un jour, tous ensemble cette vie éternelle auprès de lui.

Mon Père, vous êtes rentré du Mali avec un carnet d’adresses bien fourni qui a permis aux familles catholiques maliennes de France regroupées au sein de l’association MAGNIFICAT, de se retrouver et pour certaines de se connaitre. Vous avez été notre aumônier. Vous avez arpenté les escaliers des RER et Métro les week-ends pour rendre visite à nos familles et vous avez partagé avec nous, nos joies et nos peines. Nous célébrions chaque année une messe en bambara pour nos défunts grâce à vous.

Père Henri Cavrois, vous avez été des nôtres lors des rassemblements de la Communauté Catholique Des Africains de Paris au 46 rue de Romainville dans le 20e arrondissement de Paris aussi bien aux célébrations de l’Eucharistie qu’aux partages des repas après les messes.

En aout 2002, mon Père vous avez eu la chance de partager les jours de pèlerinage à Lourdes avec la délégation des catholiques maliens ce qui a suscité une vive émotion des deux cotés.

Au moment où nous allons nous séparer, Mon Père, nous tenons tout simplement, par un mot simple vous rendre un hommage mérité et vous exprimez toute la gratitude d’un peuple, celui que vous avez servi et aimé, le peuple de Dieu du Mali. Ce mot, mon Père, c’est MERCI. I NI TYE, I Samaké. Merci pour tout.

A la famille éplorée, aux paroissiens de Brie sur Marne, à tous les prêtres de la résidence des Pères blancs de Brie sur marne nous vous adressons les condoléances les plus fraternelles et attristées de toute la communauté catholique du Mali que nous représentons aujourd’hui.

TI DA MATIGUI KA SO LA MON PERE.

                                                                   

IN MEMORIAM : HOMMAGE AU PERE HENRI CAVROIS

Le Père Henri CAVROIS, originaire du diocèse de Cambrai, est décédé à Bry-sur-Marne (94), à l’âge de 85 ans. Le Père Henri Cavrois était Père blanc (missionnaire d’Afrique) et a consacré 60 ans de sa vie à la mission, essentiellement au Mali et en France.

Ses obsèques ont été célébrées dans l’église paroissiale de Bry-sur-Marne le mardi 13 juillet 2010 en présence des maliens de France membres de l’association MAGNIFICAT, dont il était l’Aumônier.

Le Père Henri Cavrois est né à Douai ( Nord ) le 17 octobre 1924. Il approchait donc ses 86 ans.

Il est devenu Missionnaire d’Afrique ( Père Blanc ) le 28 juin 1949, par le serment missionnaire, et a été ordonné prêtre le 1er février 1950 à Carthage, en Tunisie.

Tout de suite après son ordination, il a été envoyé dans ce qu’on appelait à l’époque le Soudan, en A.O.F. et qui est devenu en 1960, le Mali. Il y est resté jusqu’en 1996, soit 46 ans.

Sa première nomination a été Ouelessebougou, où les jeunes missionnaires allaient apprendre la langue bambara. Le Père Cavrois parle « d’une sorte d’enfouissement initiatique ».

Après quoi, il s’est occupé de l’école des catéchistes qui se trouvait alors dans cette paroisse.

Cette première affectation a été suivie de 13 autres, à Faladyè, puis à Niono, puis à Bamako et à Bougouni. Il a été amené à remplir différentes charges pastorales : formation des catéchistes, des jeunes séminaristes, curé de paroisse, vicaire général, aumônier des hôpitaux et de la prison de Bamako.

De 1965 à 1972, il est nommé Régional, c’est-à-dire supérieur de tous les Pères Blancs du Mali.

Après quoi, son évêque, Mgr Luc Auguste Sangaré lui demande de revoir les traductions bibliques et celles du catéchisme en bambara. Une année, il a passé tout son congé en France à dactylographier ces textes révisés.

Revenu en France en 1996, il est nommé à Bry sur Marne. Durant son séjour, il a lancé, avec le Père Joseph Vanrenterghem, un bulletin paraissant plusieurs fois par an et destiné aux Maliens résidant en France, dont il était leur aumônier, pour les tenir au courant de la vie d l’Eglise au Mali.

Il recevait beaucoup de visites et comptait beaucoup d’amis. L’un d’eux dit de lui qu’il avait un charisme indubitable aussi bien comme évangéliste que comme < ami des pauvres >. I y avait en lui comme une générosité congénitale comme s’il ne pouvait pas être autre que ce qu’il était.

I Samaké. Dors en Paix.


IN MEMORIAM :HOMMAGE AU PERE BERNARD VESPIEREN

« La participation obligatoire des villages au financement et à la réalisation des installations est pour moi la seule condition pour réussir un projet de développement durable » dixit Père Vespieren.

LE PÈRE BERNARD VERSPIEREN, UNE VIE AU SERVICE DU MALI
Le Père Bernard Verspieren est né dans le Nord de la France en 1924. Passionné d’agriculture, il décide de poursuivre ses études dans ce domaine à l’école de Purpan dont il sera diplômé. Agé de seulement 19 ans, il s’engage alors chez les Missionnaires d’Afrique (Pères Blancs). En 1950, à 26 ans, il est ordonné prêtre à Carthage et envoyé au Mali. Pendant plus de vingt ans, cet inlassable bâtisseur participe à la construction de six églises dans la région de Mandiakuy et évangélise les populations. Très vite, pourtant, il juge l’Église trop formaliste. « C’est bien beau de vouloir célébrer l’eucharistie avec du pain et du vin, tempêtait-il, mais les Africains n’ont ni l’un ni l’autre ! » Ce père blanc est décidément peu conformiste et l’évêché local finit par s’en émouvoir : ne déplore-t-il pas publiquement le célibat imposé aux prêtres ? En 1973, il quitte le Mali pour parcourir le monde. C’est le début d’une passion, d’un véritable amour pour ce pays qu’il habitera toute sa vie.

SES DEBUTS AU MALI (EN PAYS BOBO) :

Il commence sa mission en pays Bobo, à Mandiakuy. Entre les années 1951 et 1959, il y construit 6 églises. Cependant, il commence déjà à s’intéresser aux problématiques de développement et quand Jean XXIII, « le pape de son cœur », déclare : « pas d’évangélisation sans développement, pas de développement sans évangélisation » le Père Verspieren se lance dans une aventure de plus de quarante ans, qui le verra s’impliquer dans des domaines aussi variés que l’agriculture, la santé, l’éducation, l’hydraulique ou encore la promotion féminine.
Il commence par créer deux écoles d’agriculture : à Tominian en 1966, puis au Koni. Ces écoles fonctionnent selon un modèle original : il y fait venir des couples pendant un an pour les initier à des techniques modernes agricoles avant de les renvoyer dans leur village avec une charrue et une paire de bœufs de trait.

MALI  AQUA VIVA, « L’EAU, C’EST LA VIE ! »

En 1973, une sécheresse terrible dévaste le Sahel et la famine cause la mort de milliers de personnes. Sollicité par les plus hautes autorités maliennes, le Père Verspieren crée à San l’association Mali Aqua Viva. Sous le slogan « l’eau c’est la vie » débute alors la plus fantastique campagne de forage que le Mali ait connu. Plus de 4 000 forages sont à porter à l’actif de l’association, qui existe encore aujourd’hui. Comme il le disait lui-même, après l’eau bénite, le Père Verspieren se lance dans le défi de l’eau potable !


Les premiers forages sont alors équipés de pompes à pied ou à main. Puis un jour, le Père découvre en Corse une des premières pompes solaires à photopiles. Quoi de mieux pour le Mali où le soleil ne voile que rarement sa face ? La première pompe solaire du pays est installée en 1977. Le Père en installera plus de 125 et deviendra le pionnier des énergies renouvelables au Mali.
Infatigable bâtisseur, il construit dans le même temps des écoles et des dispensaires, crée des jumelages entre villes françaises et maliennes, s’occupe de groupements féminins et de centre de réadaptation orthopédique. Mais plus que partout ailleurs, son amour pour le Mali et pour ses habitants est visible dans sa dernière œuvre : Teriya Bugu.

TERIYA BUGU, L’HISTOIRE D’UNE AMITIE :

L’histoire de Teriya Bugu commence dans les années 60, au bord du fleuve Bani, affluent du Niger, à l’ombre d’un arbre, un grand caïlcédrat. Au cours d’une partie de chasse à l’antilope, le Père Verspieren rencontre un pêcheur Somono du village de N’Goron : Lamine Samaké. La famille de Lamine va mettre des terrains à disposition du Père, qui va s’installer sur place au début des années 80. De leur amitié naîtra alors un rêve qui se concrétisera pour devenir « Teriya Bugu », qui signifie « la case de l’amitié » en langue locale bambara.
Grand bâtisseur dans l’âme, il développe au bord du Bani une ferme modèle. Vergers, potagers, grandes cultures, élevages, pisciculture, il essaye tout, démontrant ce qu’il est possible de faire au Mali avec de l’eau, de la volonté et de l’amour.
Il fait également de Teriya Bugu un laboratoire des énergies renouvelables : les énergies solaires, éolienne et même le biogaz y sont essayés et fonctionnent encore plus de 20 ans après.
Autour du Père s’est ainsi construit progressivement le village de Teriya Bugu, une véritable oasis qui fait aujourd’hui partie du patrimoine du Mali.

Décédé le 24 octobre 2003 à  Colombes (92, Hauts-de-Seine) à l’âge de 79 ans, il fut inhumé le 29 octobre 2003 à Roubaix (59, Nord) en presence de nombreux responsables français et africains notamment d’une importante délégation malienne conduite par Badi Ould Gandfou, ministre délégué à la Réforme de l’État et aux Relations avec les institutions.

TERIYA BUGU DEPUIS 2003 :
En 2003, le Père Verspieren nous quitte. L’AEDR, ONG de droit Malien reprend les rênes de Teriya Bugu. Parallèlement, la famille et l’entourage du Père Verspieren s’engagent pour la pérennité du projet en créant l’Association des Amis du Père Bernard Verspieren (AAPBV) pour soutenir l’AEDR conformément à la volonté du Père.

Pour pérenniser l’avenir de Teriya Bugu, l’AEDR et l’APPBV décident de faire évoluer le modèle de Teriya Bugu principalement autour des axes suivants :
– création d’un centre de tourisme afin de générer des emplois et des revenus pour l’AEDR,
– développement d’activités économiques comme les programmes autour du karité et du sésame,
– développement de programmes de formation, de projets de développement, de recherche et d’innovation en partenariat avec des ONG et des centres de recherche internationaux.

Merci au Père Bernard Vespieren pour ce qu’il a apporté au Mali pendant ce séjour si fructueux. Cet agronome était un vrai visionnaire pour ce qui était des stratégies à adopter dans la formation du bas peuple en techniques agricoles et aussi à l’utilisation des énergies renouvelables ; une autre forme d’évangélisation.


IN MEMORIAM : HOMMAGE AU PERE ANTOINE PAULIN

Toujours soucieux de ne pas gêner, d’épargner tout travail superflu à ses confrères, Antoine avait rédigé lui-même sa notice nécrologique et les temps forts de sa dernière eucharistie ici-bas. Il avait poussé le scrupule jusqu’à faire deux modèles de la notice, l’un plus détaillé, l’autre plus bref.

Son mot d’accueil pour la messe d’obsèques le dépeint parfaitement : Que ces textes de la Parole de Dieu nous aident à prendre davantage conscience de l’amour irréversible dont Dieu nous aime dans le Christ et à le célébrer… Qu’ils nous rappellent aussi que nous répondons à son amour par le témoignage d’une vie donnée, au service de nos frères et sœurs. Ce service a revêtu dans ma vie missionnaire des formes que je n’avais pas du tout programmées […] Le Seigneur nous conduit souvent par des chemins de dépassement de nous-mêmes qui sont chemins de mort à nous-mêmes, mais chemins de vie, d’amour et de réalisation de nous-mêmes. Toute sa vie est résumée en ces lignes.

Il était né le 29 mars 1925 dans une famille de quatre enfants qui tenait une petite ferme de la Haute-Loire, près d’Yssingeaux. Deux oncles étaient prêtres, dont l’un, des Missions Étrangères de Paris, après des années au Laos, se fit moine cistercien à Lérins. Antoine, attiré tout jeune par le sacerdoce, restera attaché à sa famille, à son milieu rural, à son parler occitan. Mais bientôt le désir de la vie missionnaire s’imposa à lui. Son conseiller spirituel au Petit Séminaire l’orienta vers les Pères Blancs ; Kerlois étant occupé pendant la guerre, ce n’est qu’après une année dans son diocèse qu’Antoine put y terminer le cycle de philosophie. Après quoi, ce furent le noviciat à Maison-Carrée et la théologie à Carthage et Thibar où l’on apprécia son dévouement discret, ses capacités intellectuelles et sa profondeur spirituelle. Grâce au retour des étudiants mobilisés, on connaissait alors des records d’ordinations : le 24 mars 1951, Antoine faisait partie d’un groupe de 57 à Carthage. Le même jour, presque autant recevaient aussi la prêtrise à Héverlée, en Belgique. C’était une époque faste !

Antoine avoue que sa première nomination fut pour lui une énorme déception : il dut passer trois ans à Rome pour des études théologiques qu’il couronna par une thèse sur saint Cyrille de Jérusalem et ses célèbres catéchèses, un travail publié aux Éditions du Cerf, dans la collection « Lex Orandi » en 1959. J’y ai puisé, confie tout de même Antoine, la dimension biblique et patristique que j’ai tâché ensuite de donner à mes cours de théologie. Car il fallait s’y attendre, son second point de chute fut, et pour sept ans, Thibar, puis Carthage, quand Thibar devint, en 1957, école d’agriculture.

Vinrent alors six années (1961-1967) d’accompagnement des jeunes prêtres Pères Blancs qui se préparaient à la mission à Mours ou à Londres, par un stage pastoral de trois mois. Antoine se vit confier la direction du stage de Mours, de septembre à décembre. À l’époque du Concile, il eut ainsi le loisir d’en approfondir les enseignements. Entre deux stages, il faisait lui-même des séjours dans des paroisses du Mali ou du Burkina. En 1964, il visita aussi durant trois mois les communautés chrétiennes du Rwanda et du Burundi.
Il va de soi qu’il lui tardait de tâter pour de bon de la « mission missionnante ». Las ! Fin 1966, on lui demanda de remplacer le Père Longin, Maître des novices de Gap, délégué au chapitre de 1967. Mais, le Père Longin étant tombé malade, le remplacement dura quatre ans ! et ce n’était pas une époque tranquille : certains jeunes, fortement marqués par Mai 68, réclamaient qu’on donne plus de place à la responsabilité et à l’expérience personnelles ; il fallait s’adapter.

En juin 1970, quand le noviciat quitta Gap pour Fribourg, Antoine reçut enfin avec joie sa nomination pour le Mali. Il prépara ce changement de cap par une retraite de 30 jours avec le Père Varillon, au Châtelard, près de Lyon, et un stage à l’Arbresle. À vrai dire, ses 20 ans d’études, de proximité avec les jeunes, l’avaient beaucoup enrichi, l’ouvrant à l’évolution de l’Église et du monde. Il partait donc pour une nouvelle étape de 25 ans, au service de l’Église du Mali. Son enthousiasme fut de courte durée : après une année dans la paroisse de Ouéléssebougou, il dut endosser la charge de Régional. «Je ne sortais pas de ma mission d’être d’abord au service de mes frères Pères Blancs», écrit-il. De 1972 à 1979, il sillonna les pistes, de Gao à Dakar, pour être à l’écoute de chacun, le laisser dire ses problèmes, son travail, ses projets… Étape enrichissante, reconnaît-il, où je me devais d’être le premier à l’écoute de la Parole de Dieu, pour apporter lumière et force à mes frères les plus proches.
Vint enfin l’accomplissement de son rêve d’enfant : neuf années (1979-1988) au service de trois communautés paroissiales rurales, dans le diocèse de Bamako. Cinq Pères, se retrouvant toutes les deux semaines pour partager et prier ensemble durant trois jours, desservaient en co-responsabilité  Ouéléssebougou , Bougouni et Gwalala. Antoine visitait à mobylette les villages où naissaient des communautés de base, appelées à se prendre en charge pour leur vie de foi et leur développement humain. Il déplorait seulement sa connaissance limitée du bambara, car il n’est pas facile de se mettre à cette langue, passé 50 ans ! Et puis, la santé, jusque-là solide, commença à se détériorer. En 1987, il fallut le rapatrier pour des calculs rénaux et une septicémie qui faillit bien l’emporter. L’année suivante, une tachycardie tenace le retint de longs mois en France.

À son retour, pour le ménager, Mgr Luc Auguste Sangaré le nomma à Bamako : deux années dans le quartier de Badalabougou lui apportèrent beaucoup, mais, dit-il, c’était trop beau pour que ça dure. On le supplia, en effet, d’aller renforcer l’équipe du grand séminaire Saint-Augustin, à Samaya, où l’on formait les jeunes prêtres maliens et guinéens. Il lui en coûta beaucoup de reprendre cette vie d’enseignant, après 20 ans. En 1992, nouveau coup dur, alors que tous les Pères pensaient comme lui que le poste revenait à un prêtre malien, il apprit par la voix publique qu’on le nommait curé de la Cathédrale. Toujours surnaturel, il accepta pour deux ans, visitant les gens, en homme de terrain, avec assiduité.

Mais, ne supportant plus les grosses chaleurs des mois de mars-avril-mai, il demanda lui-même, en 1995, son retour en France. Après une année sabbatique bien méritée, avec recyclage au Châtelard et initiation aux mystères de l’ordinateur, il pensait en avoir fini avec les responsabilités : j’avais oublié, dit-il, que j’étais Père Blanc. Il accepta donc la direction de la maison de retraite de Bry-sur-Marne. C’était une nouvelle forme de mission, cette fois au service de ses frères âgés. Sachant se faire aider, il s’en tira à la satisfaction de tous : Ces six années, conclut-il au terme de son mandat, m’ont fait découvrir une manière plus intériorisée de vivre la Mission où il ne s’agit pas tant de « faire » que «d’être avec…»

Chronologie de ses missions :

Aux études à Rome
1951-1954 Aux études à Rome – Maison Généralice en Italie

Professeur à Thibar
07/08/1954 Prof de dogme et sociologie à Thibar en Tunisie

Entre Mours et l’Afrique
24/04/1961 Directeur de l’année pastorale de Paris (réside à Mours) France
04/12/1961 Part pour le Mali Faladyé au Mali
31/05/1962 Retour à Mours France
01/12/1962 Professeur Grand Séminaire de Koumi en Haute Volta
02/08/1963 Directeur de stage pastoral Mours France
30/12/1963 Rwanda – Burundi – Afrique de l’Est
28/07/1964 Retour à Mours France
05/12/1964 Nouveau départ pour la Haute Volta
Avril 1964 (diocèse de Bamako) Ouolossébougou au Mali
17/08/1965 Retour Mours France
Janv 1966 Grands exercices à la Villa Cavalletti en Italie
12/04/1966 De Mours en Haute Volta
Fin juil1966 Retour pour réunion pré-capitulaire à Rome en Italie
11/08/1966 Donne stage de pastoral Mours France

Maître des novices
07/01/1967 Maître des novices à Gap en France

Région Mali
30/06/1971 Vicaire (diocèse de Bamako) Ouoléssébougou au Mali
15/02/1972 Régional du Mali 1er mandat Korofina
1974 Chapitre membre de droit Rome Italie
1976 Régional du Mali 2e mandat Korofina Mali
1979 Fait partie de l’équipe de Gualala
Janv 1982 Vicaire (diocèse de Bamako) Buguni

A son retour en France, il assurera alors, de 2002 à 2007, le service de l’accueil à la maison provinciale, gardant des liens avec les familles maliennes de Paris. Mais en 2007, un très grave malaise, dû à une arythmie cardiaque et un œdème pulmonaire, lui ayant valu une évacuation acrobatique par la grande échelle des pompiers de Paris, il demanda à se retirer à Bry le 15 janvier 2007. Il y menait une vie heureuse, rendant service ici ou là, quand un nouveau malaise obligea le SAMU à l’hospitaliser au Val-de-Grâce, où il est décédé le 22 novembre 2008. Il fut inhumé à Bry-sur-Marne où l’on chanta, selon son souhait : Seigneur, reviendras-tu ce soir / Pour combler notre espoir / Par ta présence ?… Pour ton retour, nous veillerons / Pleins d’espérance.

Les témoignages de sympathie ont afflué : chez les Pères Blancs, dit l’un, il est bon qu’on se dise en toute vérité, en toute fraternité : Nous avons nos saints ! Et le Père Général, compatriote d’Antoine, souligne : Il y avait, chez Antoine, une vie spirituelle qui jaillissait de temps à autre, dans une parole, une homélie, une remarque[…] Comme le basalte de son Yssengelais natal, la première approche était plutôt rugueuse. Heureux ceux qui ont eu le bonheur de ne pas s’arrêter à l’apparence. En dessous, il y avait des pierres précieuses. Un grand merci à ce missionnaire de haut niveau intellectuel, profondément spirituel, mais qui ne se départait jamais de son bon sens paysan.

Qu’il repose en paix !


IN MEMORIAM : HOMMAGE AU PERE HUBERT BARBIER

..Hubert est né à Lyon (France) le 8 septembre 1926, deuxième enfant d’une famille de six enfants. Son père, ingénieur de l’  » Ecole Centrale « , engagé dans la politique locale de la Bourgogne sa province natale, sera un temps maire de Nuits Saint Georges puis Conseiller régional de la Côte d’or. Sa maman était fille de négociant en vins. L’éducation policée qu’il a reçue dans sa famille lui a sans doute permis par la suite de contacter avec une certaine aisance bien des gens haut placés ou même de devenir membre actif du Lions Club international lors de la réalisation des lourds projets qui lui seront confiés.

Il fit ses études secondaires au collège des Dominicains à Oullins et à Dijon. Après les épreuves du baccalauréat, au sortir d’une messe d’anniversaire de mariage de ses parents, il leur déclare son intention de devenir prêtre missionnaire, et se souviendra longtemps de la réponse de son papa :  » C’est le plus beau cadeau que tu puisses nous faire « . Il tiendra à leur faire honneur toute sa vie. Dès lors, de 1944 à son ordination sacerdotale le 5 avril 1953, il suit la filière des études Pères Blancs de la Province de France : en Bretagne à Kerlois pour la philo scolastique, à Maison-Carrée en Algérie pour le Noviciat. La parenthèse du service militaire (1948-1949) lui permit de suivre la formation des officiers de réserve. Puis ce seront les trois premières années de théologie à Thibar en Tunisie et la dernière année à Carthage. Ses condisciples auront eu le temps de remarquer son souci d’être le premier informé des nouvelles concernant la vie du séminaire ou même extérieures et le dénommeront  » La Gazette « . Ses éducateurs, eux, auront eu le temps de noter ses aptitudes de gestionnaire et son acharnement au travail.

D’où les nominations successives :
1953 : économe du petit séminaire de Nasso au diocèse de Bobo-Dioulasso (Haute Volta). Il fallait nourrir plus de 200 bouches, lancer un verger, suivre des travaux de construction : bureaux, salle de réunion pour le staff, chapelle. Assurer quelques cours de mathématiques ou de sciences. Après quatre années, les supérieurs accèdent à sa demande d’apprendre une langue locale. Il est nommé au diocèse de Sikasso au Mali et fait six mois au poste de Dyou pour y apprendre le sénoufo. Il s’y met avec ardeur mais, hélas sans suite, car il est aussitôt chargé des finances du diocèse et des projets de développement.

Fin 1959, après son premier congé en France il est nommé à l’archidiocèse de Bamako, capitale du Mali, comme économe diocésain et chargé des projets en cours. Ils sont importants et nombreux : lycées de filles et de garçons, foyer pour étudiants, librairie, 6 écoles primaires, 3 écoles secondaires, centre social, centre médical de brousse, 2 églises… Hubert ne se laisse pas accaparer par toutes ces tâches. Non seulement, il prend son tour de prédication dans les églises de la grande ville, visite régulièrement le grand Hôpital du Point G, mais il garde les yeux et le cœur ouverts vers les plus pauvres, en particulier les lépreux. Avec le Lions Llub de la capitale et à la suggestion du médecin général de la léproserie, il lancera le village postcure de Samanko pour la réhabilitation des lépreux dont la maladie est stabilisée. Après ces 16 années de labeur ingrat qui avaient d’abord débuté sous l’autorité de Mgr Leclerc, et se sont poursuivies pendant 14 ans sous l’autorité de Mgr Sangaré, premier archevêque malien de la métropole, les supérieurs songent à Hubert pour une urgence au Soudan

À cette date, en 1975, après 17 ans de guerre civile, la Conférence des évêques du Soudan, avec l’aide du Père Arthur Dejemeppe, avait fondé Sudan-Aid (Caritas Soudan) pour que l’Église soit présente à la reconstruction et au développement du Sud-Soudan. Elle proposait un projet ambitieux soutenu par l’ONG Misereor et le gouvernement allemand : la construction d’un institut polyvalent médical dans le diocèse de Wau, pour former infirmiers et infirmières, agents de santé publique, sages-femmes. Hubert se prépare donc par un recyclage en langue anglaise de six mois et contacte les dirigeants de Misereor à Aix-la-Chapelle. Il peut enfin gagner Wau et rencontrer pour la première fois le jeune évêque Mgr Gabriel Zubeir Wako en fin 1976. Il s’est démené pour réaliser ce projet jusqu’en 1983, date de l’inauguration de l’Institut. Les premières élèves sages-femmes seront diplômées en 1985.

Sa nomination à Paris en 1984 lui fut un coup dur, car il était très attaché au Soudan où il y avait encore tant à faire. On comprend dès lors qu’il continue de s’y intéresser. Constatant avec tristesse que la situation au Sud Soudan est pratiquement méconnue en France, il fonde alors avec quelques amis le  » Comité Vigilance Soudan « . Pendant une vingtaine d’années, Hubert va se dépenser corps et âme pour faire connaitre la situation des chrétiens du Soudan. Il va créer une publication mensuelle et un site internet qui deviennent une source d’informations pour beaucoup de gens. Colloques et conférences se succèdent. Il développe un réseau de contacts avec des autorités civiles et ecclésiastiques ainsi qu’avec de nombreuses O.N.G. Le 16 février 1993, il est même invité à Genève par la Commission des Nations Unies sur les Droits de l’Homme. Mais en même temps il tient à célébrer l’eucharistie quotidienne chez des religieuses et s’implique avec toute son énergie pour aider les Amis des Pères Blancs de Paris dans leur vente annuelle, où ses origines bourguignonnes font merveille pour achalander le stand de vins.

En 2009, à 84 ans, suite à quelques ennuis de santé, les supérieurs lui demandent de laisser le Comité à une nouvelle équipe. En fin février 2012 il entre au foyer de retraite des Pères Blancs à Bry-sur-Marne. C’est le 19 avril 2018 qu’il décède à l’hôpital Saint Camille, suite à une chute pour laquelle les chirurgiens avaient dû renoncer à intervenir. À sa messe de funérailles, le P. François Richard pourra aisément relever les béatitudes qu’Hubert a pratiquées :  » Bienheureux es-tu Hubert d’avoir été miséricordieux, de t’être tant dépensé pour venir au secours de multiples gens en détresse en particulier des lépreux, bienheureux es-tu d’avoir eu faim et soif de justice pour tes frères les Soudanais … « 

P. Charles Bailleul


IN MEMORIAM : HOMMAGE AU PERE PAUL DIDIER

ANCIEN PROFESSEUR DE SCIENCES PHYSIQUES AU LYCEE PROSPER KAMARA

Natif de Nancy, troisième enfant d’une fratrie de six garçons, Paul a toujours eu un sens profond de la famille à laquelle il a toujours voué un grand attachement. Son père était dans la menuiserie avant de l’enseigner lui-même plus tard ; sa mère a travaillé à mi-temps (secrétariat entre autre) pour aider son mari à joindre les deux bouts. Les parents de Paul ont tout fait, avec succès d’ailleurs, pour transmettre à leurs enfants leur foi profonde. Dieu a tout naturellement choisi au cœur de cette famille engagée un serviteur à vie, et ce sera Paul.

Au cours de ses études secondaires, il se rend aux funérailles d’un ami qui avait comme rêve de devenir Père Blanc. Lui qui avait déjà songé à devenir prêtre dans son diocèse, décide alors de remplacer son ami en devenant lui-même Père Blanc. Après le Bac il se rend à Béruges (séminaire de repli des Pères Blancs près de Poitier en zone libre en lieu et place de Kerlois, alors occupé par l’armée allemande) pour ses deux premières années de philosophie scolastique, puis à Altkirch pour sa première année de théologie, avant de faire son noviciat à Maison Carrée en 1946-47. Deuxième année de théologie à Thibar avant de remplir ses obligations militaires (à Tunis, puis à Toul), suivie de deux années de théologie toujours à Thibar. Il fera son serment missionnaire le 27 Juin 1950 et sera ordonné prêtre le 24 Mars 1951.

 » Belle intelligence, claire, très ouverte, personnelle, a beaucoup de facilités pour l’étude pour laquelle il a dû toujours, dès son enfance, manifester beaucoup de dispositions. Mais il est obligé de se ménager sur ce point par suite de fréquents malaises et maux de tête, qui se répètent régulièrement.  » Voilà résumé par un de ses formateurs au Scolasticat l’avenir de Paul: des prédispositions évidentes pour l’enseignement, bien qu’handicapé à vie par des problèmes de santé récurrents.

Logiquement pour nous aujourd’hui – mais pas forcément pour Paul à l’époque – sa première nomination l’amènera à faire des études de lettres classiques à Strasbourg, nomination vite modifiée en raison des circonstances en enseignement de … l’Allemand à Bonnelles (petit séminaire des Pères Blancs dans la vallée de Chevreuse près de Paris). Il n’y fera dans un premier temps qu’une année avant de retourner à Strasbourg pour passer une licence de philosophie, suivie d’une licence de Sciences Physiques. Retour alors à Bonnelles en 1957 pour enseigner et animer les étudiants jusqu’à sa fermeture en 1965.

La fermeture de Bonnelles va lui permettre d’obtenir de ses supérieurs de poursuivre ses études. Il va alors  » pondre  » quatre certificats d’Etudes Supérieures : ‘économie du travail’, ‘sociologie du travail’, ‘travail dans les pays en développement’ et ‘travail rural et coopératives’. Ainsi bardé de diplômes en tout genre, il pourra enfin apprécier à sa juste valeur sa première nomination en Afrique : ce sera pour Ségou, au Mali.

Avant de rejoindre le Mali il fera sa grande retraite à Villa Cavaletti à Rome, mais des ennuis de santé vont retarder son départ, temps mis à profit pour parfaire ses études. Enfin ce sera le grand jour : il prendra l’avion pour Bamako le 6 Août 1968 avant de rejoindre Ségou qu’il quittera passagèrement pour étudier le Bambara à Faladye. Une fois de plus le travail pastoral en paroisse va lui échapper puisque, à peine de retour à Ségou, il est nommé par son évêque Directeur Diocésain de l’Enseignement Catholique. Ses visites dans les écoles lointaines et dispersées en brousse vont lui donner l’occasion de vivre de petites expériences d’ennuis mécaniques et bien d’autres mésaventures dont le souvenir bien plus tard le fera sourire, mais qui ne faciliteront pas son action en raison toujours de sa santé fragile.

D’autres engagements vont nourrir ses temps libres : aumônerie au Lycée de garçons de Banankoro (15 Km de Ségou) ainsi qu’à l’Ecole d’Enseignement Technique Féminin, et même animation des équipes enseignantes à l’échelon national. Ses premiers congés en 1972 seront alors les bienvenus. La même année, à travers une circulaire qu’il enverra à ses amis, il écrira :  » Vous le voyez, le travail ne manque pas, ni les difficultés.

Certains pourraient être tentés de se décourager devant les résultats qui, il faut le reconnaître, semblent bien maigres, en regard de la somme d’énergie et de moyens de toutes sortes mis à l’œuvre. Mais la valeur de ce que nous faisons ne se mesure pas au nombre de baptêmes ou de conversions : pourvu que le Christ soit annoncé, pourvu qu’il soit présent à travers nous dans la vie de ceux qui nous entourent … Le reste est l’œuvre de l’Esprit, et c’est dans la foi que nous avons à vivre et à servir, remplis d’une grande espérance, celle même de Noël. « 

Il ne rejoindra l’Afrique que deux ans plus tard, en 1974, en raison encore de problèmes de santé. Ce sera cette fois-ci à Bamako, comme professeur de sciences physiques au Lycée Prosper Kamara.  » Paul n’envisage pas son avenir en dehors de l’enseignement : c’est un professeur né, et il aime son métier qu’il fait avec un dévouement méticuleux. Très dévoué, il est apprécié de ses élèves qui ne manquent jamais ses cours.  » Telle est l’observation de son Régional de l’époque, et qui en dit long sur ses qualités d’enseignant.

Des activités parallèles lui permettent de rendre service aux uns et aux autres tout en diversifiant son champ d’apostolat : interventions ponctuelles à la Radio catholique du Mali, économat ponctuel aussi au lycée, ministère dominical à la paroisse de Badyalan, aide pédagogique au Séminaire Pie XII, … le tout malheureusement perturbé par ses problèmes récurrents de santé et en conséquence des congés de plus en plus fréquents, ce qui provoque finalement son retour définitif en France. C’était en Août 1991.

Il alors une année sabbatique (théologie des religions à la Catho), avant de prendre la responsabilité de la maison d’accueil Rue Friant à Paris. Il en profitera pour suivre la session biblique de Jérusalem. Ce sera ensuite, en 1996, la responsabilité de la communauté de Strasbourg. Les activités intérieures comme extérieures y sont nombreuses, mais c’est peut-être dans l’animation missionnaire à travers les ventes-expositions qu’il pourra le mieux témoigner. Elu conseiller provincial en 1999, il suivra à Rome la Session pour les séniors. Sa dernière nomination l’amènera Rue Verlomme à Paris au service des Archives. Mais sa santé pose de plus en plus problème, et il devra, le 1er Septembre 2013, rejoindre la communauté de Bry sur Marne.

La dernière étape de sa vie le verra rendre de petits services à la communauté, notamment pour l’animation liturgique. Mais les hospitalisations vont se succéder régulièrement et de plus en plus fréquemment. Sa lucidité sur son état général l’aide à approfondir sa vie spirituelle. C’est un prêtre de Dieu et missionnaire, heureux de l’être, prêt pour la grande rencontre, que le Seigneur viendra rappeler à lui brutalement au cours d’une énième hospitalisation.

C’était le 17 Juillet 2018. Ses funérailles en la chapelle de Bry sur Marne étaient empreintes d’émotion, en raison notamment de la présence de deux de ses frères dont l’un avait fait le déplacement depuis le Canada. Le témoignage de ce dernier ne laissait d’ailleurs aucun doute sur la place qu’a tenue Paul dans la famille. Mais c’est surtout sa foi profonde qui a été soulignée par les divers intervenants, en présence de confrères venus de Mours, de Rue Friant et de Verlomme. Nul doute que ce passage du livre de Job, lu lors de la messe, a dû être médité souvent par Paul tout au long de sa vie marquée par la souffrance :  » Je sais moi que mon libérateur est vivant, et qu’à la fin il se dressera sur la poussière des morts ; avec mon corps je me tiendrai debout, et de mes yeux de chair je verrai Dieu. Moi-même je le verrai, et quand mes yeux le regarderont, il ne se détournera pas. « 

Clément Forestier


IN MEMORIAM :HOMMAGE AU PERE MICHEL ROBIN

Michel Robin est né le 24 Août 1931 dans une famille nantaise profondément chrétienne : son papa était ingénieur dans le béton armé, et possédait un bureau d’études. Si sa maman n’avait pas de métier spécifique, elle avait énormément de travail car ce sont dix enfants qui vont naître de leur amour, sans oublier de transmettre à tous ses enfants une foi profonde et solide.

Michel était le sixième enfant, et très jeune il va songer à devenir prêtre. Son père, à juste titre, lui conseillera de passer d’abord son BAC ainsi que d’autres diplômes. C’est ainsi qu’il fera la 1ère année de l’Ecole Supérieure de Commerce à Rouen, et ce n’est qu’après qu’il pourra entreprendre de vivre sa vraie vocation.

Ayant demandé d’entrer chez les Pères Blancs, il ira à Kerlois pour la philosophie puis fera son année spirituelle à Maison Carrée en 1955. Son maître des novices, le Père Pierre Grillou, note à son sujet qu’ayant eu pas mal de responsabilités pendant sa jeunesse, il a été habitué à commander, à prendre des initiatives, à faire marcher son monde  » tambour battant  » et conclut :  » Il lui en reste quelque chose qui n’est pas le plus mauvais de sa personnalité !  » Il ira ensuite à Carthage pour la théologie où il prononcera son Serment Missionnaire le 27 Juin 1961. Il sera ordonné prêtre à Rouen, au sein de sa famille et de ses amis, le 30 Juin 1962. A noter que sa formation sera interrompue par deux ans et demi de service militaire en Tunisie.

Michel va passer toute sa vie active missionnaire au Mali auquel il restera profondément attaché jusqu’à son dernier souffle. C’est donc en 1963 qu’il débarque à Bamako, et il commence par apprendre le Bambara à Falajè, avant d’être nommé vicaire à Kolongotomo, dans le diocèse de Ségou où il oeuvrera dans un premier temps jusqu’en 1968. Il sera alors nommé à Markala, toujours dans le diocèse de Ségou et toujours comme vicaire. La Province de France va le rappeler de 1970 à 1972 pour deux ans d’animation missionnaire à Lyon, avant de retourner à Markala. Il y restera jusqu’en 1979 avant d’accepter une nouvelle affectation à Niono. En 1981, il fera la session-retraite à Jérusalem pour retourner en 1982 à Kolongotomo. Il prendra alors une année sabbatique bien méritée six ans plus tard à Angers en France avant de retourner encore à Kolongotomo dont il sera nommé curé en 1993.

Pendant ce temps-là il sera élu conseiller régional du Mali, puis réélu, jusqu’en 2005, date où il fera la session des plus de 70 ans à Rome. Son séjour au Mali se terminera à Falajè, dans le diocèse de Bamako, en raison de petits problèmes de santé qui vont s’aggraver petit à petit jusqu’en 2011, date où il sera alors obligé d’accepter de rentrer définitivement en France, et ce fut pour lui un grand déchirement.
Il a donc passé plus de 25 ans à Kolongotomo, répartis en plusieurs séjours. Cette grande paroisse rayonnait dans la zone de l’Office du Niger qui regroupait des paysans venus de partout, et même du pays voisin, le Burkina Faso, pour travailler dans les rizières…

PERE MICHEL ROBIN

Ceux qui sont allés lui rendre visite ou qui ont simplement échangé avec lui ont pu se rendre compte de sa passion pour l’histoire du pays et des petites communautés chrétiennes. Elle manifestait son dynamisme missionnaire, son amour du Sahel et de toute sa population, sédentaire ou nomade. Lors de son décès, quatre prêtres diocésains, originaires de cette paroisse, ont donné ce témoignage dans un courrier électronique :  » Il n’y a personne d’autre qui connaissait l’Office du Niger, son histoire, ses problèmes et les petites communautés chrétiennes comme le Père Michel « .

Michel, avec son verbe puissant, parfois théâtral, faisait penser aux deux fils de Zébédée, les apôtres Jacques et Jean, que Jésus surnommait les fils du Tonnerre. Il avait la même fougue, et c’est pourquoi, les talents que Dieu lui a donnés, il les a mis au service du Royaume. Que de chapelles il a construites, bien faites, solides, à la plus grande joie des communautés de base. Dans son dernier poste, à Falajè, une vieille église en briques cuites qui menaçait ruine s’est vue rénovée pour un bon siècle et une succursale a bénéficié d’une belle église en dur, juste à temps pour célébrer la messe de prémices du premier prêtre originaire de ce village.

A son retour en France, il va rester dans un premier temps à Mours où il s’occupera entre autre de l’accueil. Il reçut alors une lettre de Mgr Jean Zerbo, archevêque de Bamako, qui l’a fortement ému et dans laquelle il lui disait :  » Vous avez été et resterez pour moi, pour nous, celui qui par la grâce de Dieu a toujours cherché à élargir les frontières de la Mission. Toujours aller plus loin, aller au large, aller vers ceux qui n’ont pas encore reçu la Bonne Nouvelle ! Confort, santé, nourriture, n’étaient rien à côté de la passion unique qui t’animait : toujours plus loin. « 

A Mours, il avait envisagé, et c’est ce qu’on attendait de lui, de se remettre à la rédaction de l’histoire de l’évangélisation du territoire de l’Office du Niger, une documentation remarquable étant à sa disposition. Malheureusement, lentement mais inexorablement, sa santé va se détériorer, et en 2017 il va rejoindre la maison de retraite de Bry sur Marne. Mais dans son esprit, il restera toujours dans son pays d’adoption. En effet, il aimait évoquer, surtout avec les  » anciens du Mali « , ces années de labeur missionnaire et aussi les années de sécheresse où il a remué ciel et terre pour venir en aide aux populations nomades affamées et creuser des puits en réponse à l’attente des responsables administratifs.

Le Seigneur, pour lequel il avait donné toute sa belle vie, viendra le rappeler le 10 Octobre 2018, après de longs mois de souffrance qu’il offrira de tout cœur au Seigneur pour son Mali.

Des confrères du Mali et de Bry-sur-Marne


 IN MEMORIAM : HOMMAGE AU PERE PHILIPPE ANTOINE


Philippe est né à Paris le 20 octobre 1926, et il a toujours été très discret sur son enfance et sa famille. Tout ce que l’on sait, c’est que son père était joaillier, ou plus précisément qu’il possédait et dirigeait une petite fabrique de bijoux. Il n’avait qu’un seul frère, jumeau, auquel il était très attaché et qui est décédé à l’âge de sept ans. Il a commencé ses études secondaires chez les Dominicains à saint Charles de Juvisy-sur-Orge pour les continuer au collège Stanislas à Paris. Après avoir passé le baccalauréat, il fait des études de droit et obtient le doctorat. Puis il rentre à l’école de la France d’Outre-Mer.

A la sortie de celle-ci, il commence une carrière d’administrateur au Cameroun où il est nommé chef de subdivision de Batouri pour devenir ensuite 1er adjoint de la région d’Edéa. Travailleur et consciencieux, il devient rapidement Directeur de l’information au Cameroun et enfin chargé de Mission à la présidence du Conseil. Sa carrière est interrompue par le décès de son père.

En effet, il donne alors sa démission pour prendre sa succession à la tête de sa fabrique de joaillerie. Ne craignant pas sa peine, il mène bien son affaire qui prospère et se développe ainsi qu’en témoigne Mgr Ramondot qui le connaît bien et le suit au point de vue spirituel depuis le collège Stanislas. En effet, parallèlement à sa vie professionnelle, Philippe poursuit une vie spirituelle qui s’approfondit peu à peu et qui le pousse à envisager la vie sacerdotale.

L’idée de la vie religieuse le préoccupe depuis longtemps. Même au Cameroun, parfois, il éprouvait le besoin de se lever la nuit pour réciter des psaumes en souvenir de ses premiers maîtres Dominicains. Lors d’un retour en congé en France, il a même songé à la vie monastique, mais son besoin de vie active l’a retenu.

Depuis son retour en France pour prendre la succession de son père, il se trouve pris entre ces deux options : Continuer son activité professionnelle de joaillier pour faire survivre son entreprise et sauvegarder les emplois qui font vivre ses employés ou continuer sur la voie du sacerdoce auquel il se sent de plus en plus appelé. Dans cette direction, il se sent aussi de plus en plus appelé par l’Afrique qu’il a connue au Cameroun et qu’il a aimée. Pris entre les deux, il décide de faire 3 années de philosophie et de théologie chez les Sulpiciens à Issy les Moulineaux ce qui lui permet, avec l’accord de son directeur spirituel de continuer à répondre à ses activités professionnelles qui exigeaient sa présence à Paris. Il avait auparavant mis sa société en gérance, et celle-ci continuait à vivre sous la direction du chef d’atelier.

En 1967, il se décide à s’engager définitivement sur la voie du sacerdoce, et quand il a annoncé à Mgr Ramondot qu’il voulait entreprendre des démarches pour se préparer à se faire missionnaire, Monseigneur lui répond : « Je m’y attendais » et il l’oriente chez nous. Philippe liquide son entreprise de joaillerie et commence son année spirituelle à Gap en septembre 1967. Il a alors 39 ans. Après son année spirituelle il part à Totteridge pour terminer sa théologie, pour faire son serment de missionnaire d ‘Afrique le 2 février 1970 et être ordonné prêtre le 27 juin de la même année. Sa première nomination est pour le Mali qu’il avait demandé car il veut se consacrer au problème musulman. Il est nommé au diocèse de Ségou.

Commence alors pour Philippe une période de 14 années où il va pouvoir réaliser ce qu’il avait envisagé pour sa vie de prêtre missionnaire d’Afrique. Naturellement, il commence par passer 6 mois à Faladjè, le centre de langue, pour apprendre le Bambara. Il a alors 44 ans et se mettre à apprendre une nouvelle langue à cet âge lui est pénible. Il y fait aussi sa première expérience de vie et de prière communautaire, et il ne cache pas qu’il n’y trouve pas le partage qu’il avait espéré entre confrères. Il rejoint ensuite la paroisse de Ségou, est nommé à Kolongotomo en 1975 et fait un bref séjour à Markala avant d’être nommé en France pour études en 1984.

Ces 14 années passées dans le diocèse de Ségou sont pour lui l’occasion de vivre autre chose que ce qu’il avait vécu autrefois comme administrateur au Cameroun. Il le dit lui-même :  » j’ai ressenti beaucoup plus profondément qu’il y a 20 ans la rupture avec des possibilités d’agir à l’intérieur de l’Église de Dieu. Un environnement qui n’est pas celui de l’administrateur.  » Et il ressent la différence entre le service qui est allié à la puissance et le service à la manière du jeudi Saint qu’il veut réaliser aujourd’hui dans sa vie.  » Vie simple et frugale, vie proche des gens. Tendance à vivre en ascète, note le régional de l’époque, à vivre en paysan bambara avec son champ d’arachides ou de riz. » Mais aussi, il garde de son passé, et il en est conscient, le goût d’un certain pouvoir et la tendance à imposer ses idées dans la communauté.

Tout cela ne pouvait être qu’occasion de crises avec ses confrères et son Évêque, et comme Philippe avait plusieurs fois fait remarquer l’absence de juridiction ecclésiastique au Mali, son Évêque, avec l’accord du régional lui demande d’aller en France, faire un recyclage canonique pour mettre en place cette juridiction. C’est donc un peu contraint et forcé qu’il revient en France en septembre 1984 pour 1 année d’études canoniques.

Philippe part alors résider à la paroisse St Sulpice pour ce recyclage en droit canon, mais très rapidement, l’épiscopat malien le propose pour un poste de professeur de droit canon à Koumi au Burkina Faso. Assez réticent, il répond positivement à cette proposition, mais demande à faire une deuxième année à Paris pour obtenir sa licence. Ce n’est donc qu’en octobre 86 qu’il rejoint Koumi, tout en restant inscrit dans le presbytérat de Ségou au Mali.

Il partage son temps alors entre sa vie de professeur à Koumi, sa vie de vicaire judiciaire pour le diocèse de Ségou et la prédication d’un certain nombre de retraites. En juillet 1990, il rentre en France pour un congé normal et en profite pour présenter sa thèse de droit canonique. A son retour en Afrique, il est appelé à ajouter à son travail un va et vient entre les séminaires de Koumi et celui de Samaya qui vient d’être fondé près de Bamako au Mali. En mai 1992, il est d’ailleurs nommé définitivement à ce séminaire.
En 2000, il quitte définitivement l’enseignement du droit canon au séminaire et est nommé vicaire à la paroisse cathédrale de Bamako, mais continue son travail de juge pour les questions juridiques de mariage et autres. Cela dure jusqu’en octobre 2002 date où après discussion avec le Provincial du Mali, il décide de quitter définitivement le Mali.

Il part alors en Algérie, dans le diocèse d’Oran, à l’essai pour un an. Il y reste jusqu’en 2006 et rentre alors définitivement en France et est nommé à Paris, à l’accueil de la rue Friant. Il a alors 80 ans. A côté de cet accueil à la rue Friant, il s’investit dans une pastorale de la confession dans différentes paroisses de Paris et une pastorale de contact en allant servir, plusieurs fois par semaine, des repas du soir à l’association de la mie de pain. Il accepte aussi, durant un certain temps d’assurer l’intérim pour la direction de la maison après le décès du responsable. Mais, peu à peu, sa santé se dégrade et en début 2017 il est nommé à la maison de retraite de Bry sur Marne où il y a tous les soins nécessaires. Il n’y reste pas longtemps.

Le 27 novembre, après une vie bien remplie et toute donnée au Seigneur, il rejoint la maison du Père.
Dans la lettre qu’elle a envoyée à l’occasion de ce décès, la présidente de l’Association des Amis des Pères Blancs résume bien ce qu’a été la vie de Philippe:  » Après une longue vie missionnaire, il a trouvé le repos et est entré dans la paix et la joie de Dieu. J’aimais beaucoup le rencontrer rue Friant et admirais sa douceur, sa gentillesse, son humilité, son esprit de service, et je pense que nous pouvons rendre grâce pour sa vie si bien remplie au Cameroun, au Mali, en Algérie et en France « .

Jacques Delattre

Prosper Kamara

Wilfried Christian

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