Le pardon

Le pardon consiste à ne pas garder ressentiment ni tirer vengeance pour une offense faite, une faute commise. Les chrétiens s’efforcent, avec l’aide de Dieu, de pardonner à tous ceux qui les ont offensés. Au début de la messe, les chrétiens demandent pardon dans la prière intitulée « Je confesse à Dieu… ».

L’annonce du pardon est une des grandes constantes du message évangélique. Il est compris comme un retour à la vie : voir, par exemple, la parabole dite de l’enfant prodigue : « Mon fils que voilà était mort et il est revenu à la vie » (Luc 15,24).

Parler du pardon, c’est parler de la résurrection à l’oeuvre dans nos vies. À la Passion, les disciples se sont séparés, éloignés du Christ. À la résurrection, le Christ vient les retrouver. C’est donc lui qui refait le chemin qu’ils ont parcouru en l’abandonnant, qui comble la distance. Il y a là une image, une matérialisation du pardon.

Mais la résurrection est pardon à un autre titre et, là, disciples, juifs, païens sont atteints : en ressuscitant Jésus, Dieu supprime le cadavre (sens du tombeau trouvé vide), l’acte de donner la mort est donc annulé.

La confession est l’acte de déclarer ou d’avouer un péché. Le sacrement du pardon est aussi appelé sacrement de pénitence et de réconciliation.

Le nouveau rituel comprend trois manières de vivre le sacrement du pardon

1)  Dans une rencontre personnelle avec un prêtre et une absolution individuelle du prêtre.

2)  Dans une célébration communautaire avec rencontre personnelle et une absolution individuelle du prêtre.

3)  Dans une célébration communautaire avec une absolution collective du prêtre.

Dans l’une ou l’autre façon de recevoir le sacrement du pardon c’est toujours le prêtre qui, au nom du Seigneur, exprime le pardon de Dieu à celui ou celle qui regrette sincèrement ses fautes et il le fait au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Le sacrement du pardon peut se vivre à tout âge.

Apprendre le pardon en se laissant pardonner par Dieu

(Père Laurent Roudil)

Une vie spirituelle authentique se vérifie par le pardon de Dieu reçu dans le sacrement de réconciliation qui alimentera le pardon donné à nos frères, comme nous le demande Jésus. Voyons l’importance d’accueillir le pardon du Seigneur pour le donner à nos proches et témoigner ainsi de sa miséricorde ?
 

Jésus sur la montagne nous a laissé une série de discours évangéliques. Arrêtons-nous sur la cinquième demande du Notre Père : « Remets-nous nos dettes, comme nous les avons remises nous-mêmes à ceux qui nous devaient » (Matthieu 6,12).

Puis l’explication de Jésus :

Car , si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais, si vous ne pardonnez pas aux hommes, à vous non plus votre Père ne pardonnera pas vos fautes. _Matthieu 6,15

Si nous avons besoin d’être pardonnés par Dieu et si nous sommes appelés à donner le pardon, cela présuppose que nous vivons dans un monde marqué par les offenses faites à Dieu et au prochain.

La Sainte Ecriture nous enseigne que Dieu est vérité et amour. Jésus dit : « Je suis le chemin , la vérité et la vie » (Jean 14,6).
Ou encore : « Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » 1 Jean 4,8

Dieu nous appelle à être miséricordieux. Cela signifie que chaque fois qu’un homme manque à l’amour et à la vérité, il s’oppose à Dieu Lui-même dans son être le plus profond. Depuis la faute originelle en Adam et Eve, l’homme est atteint dans son être intérieur et extérieur ; il est poussé à s’opposer à Dieu. Depuis les origines, les hommes ont essayé d’établir une justice dans les relations humaines, et de trouver une issue à la faute. Les différentes religions ont recherché des solutions. Nous savons qu’un être offensé va chercher à se venger. Ainsi, il se développe une escalade du mal, dont l’homme ne trouve parfois que la destruction pour s’en sortir. Or, Jésus nous donne un autre rapport au mal. La faute ne peut être dépassée que par le pardon, et non par la vengeance. Saint- Paul, dans sa lettre aux Romains, nous dit :

Ne te laisse pas vaincre par le mal, sois vainqueur du mal par le bien.
Romains 12,21.

Ainsi, Jésus nous révèle un Père miséricordieux envers tous les hommes , car Il aime ses créatures. Cependant, le pardon de Dieu ne peut entrer et agir dans le cœur de l’homme que si lui-même pardonne à son prochain.

La cinquième demande du Notre Père correspond au cinquième commandement divin : Tu ne tueras pas.
(Exode 20,13)

Ce commandement touche la vie de l’homme, mais aussi toute blessure infligée à sa dignité. Dans son sermon sur la montagne, Jésus donne de nouveau l’interprétation juste pour vivre ce commandement. Il ne s’agit plus de le vivre dans la loi du talion : « œil pour œil, dent pour dent », mais dans l’optique de la réconciliation.

Donc lorsque tu vas présenter ton offrande sur l’autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et ensuite viens présenter ton offrande. » Matthieu 5,23-24.

Celui qui n’est pas réconcilié avec son prochain ne peut se présenter devant Dieu.

La miséricorde de Dieu nous enseigne le pardon véritable

Le pardon donné n’est possible que s’il est reçu d’abord. Nous avons besoin d’apprendre de Dieu le pardon. Dieu connaissait notre rébellion et notre opposition à Lui. Malgré cela, Il est sorti de sa divinité en son Fils pour nous rencontrer et nous réconcilier avec Lui. C’est le chemin que Dieu prend ; Il vient vers nous pour que nous allions à Lui. Dans un premier temps, nous avons à être disposé pour recevoir de Lui le pardon ; dans un second temps, nous devons aller vers ceux qui nous ont offensés pour leur offrir gratuitement le pardon.

Quelles sont les scènes évangéliques où Jésus marque ce lieu de rencontre et de réconciliation avec nous ?
 Le geste du lavement des pieds avant la Cène (Jean 13). — La parabole du serviteur sans pitié : elle met davantage en lumière le pardon gratuit de Dieu et la nécessité de pardonner à notre tour (Matthieu 18, 23-35). La dette du dignitaire vis-à-vis du roi était insoluble ; il ne pouvait rembourser 60 millions de pièces d’argent. Cependant, il n’est pas capable de remettre la dette dérisoire de 100 pièces d’argent de son prochain.

Jésus nous montre ainsi que quelque soit la faute que nous avons à pardonner, elle est dérisoire par rapport à la dette que nous devons à Dieu. Et pourtant, Lui, dans sa bonté, nous pardonne généreusement. Le Seigneur, n’a-t-il pas été crucifié par nos pêchés sur la Croix ? Du Golgotha, Jésus pousse aussi ce cri pour nous : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23,34).

Le lieu de la cellule est cette école où nous apprenons à nous laisser pardonner par le Christ pour à notre tour donner gratuitement le pardon qui nous vient du Seigneur. Tout d’abord, entre les membres de la cellule, puis autour de nous, parmi les membres de nos familles, de nos paroisses, de nos relations de travail , du monde où nous vivons… Que le Seigneur nous fasse grandir sur la voie du pardon et de la paix avec Lui et entre nous.

Notes sur le pardon

Il ne faudrait pas confondre le pardon avec les excuses.
Si j’ai marché involontairement sur le pied de quelqu’un,
je vais lui dire: Excusez-moi…. et non pardonnez- moi.

Par contre, si j’ai blessé quelqu’un par mes propos, même involontairement,
je peux lui demander pardon.
Pourquoi?
Le pardon est lié au mal moral que l’on fait à quelqu’un…
un mal qui a brisé ou simplement blessé la relation d’amitié qui existe entre nous.
Et cela peut être fait parfois involontairement.
On ne sait pas toujours comment une parole peut être mal interprétée
par l’autre et le blesser.

Mais il faut encore moins confondre le pardon avec l’oubli.
Si quelqu’un a blessé notre amitié, l’oubli n’arrangera rien.
Si c’est moi qui l’ai blessée, l’oubli ne touchera pas cette personne.
On dit souvent: je pardonne mais je n’oublie pas.
C’est vrai qu’oublier est indépendant de notre volonté.

Pour pardonner, il faut au contraire ne pas oublier.
Car qu’est-ce que le pardon ?
C’est redonner notre amitié à la personne qui nous a blessée
ou inversement demander à la personne que nous avons blessée
de bien vouloir accueillir à nouveau notre amitié.
Si on oublie l’offense, on ne peut faire ce geste de réconciliation.

Le pardon doit aussi être un geste inconditionnel.
Il ne faut pas exiger de réparation pour pardonner.
La réparation viendra peut-être mais après la réconciliation.

Lorsqu’on parle de réparation, on parle de justice.
La justice demande au malfaiteur, au mal-faisant de reconnaître ses torts,
puis de réparer ses torts.
On utilise pour cela les amendes ou les séjours en prison.
Cela ne recrée pas l’amitié dans les relations.
Les amérindiens ont une pratique intéressante.
Ils ont, dans leur tradition, le cercle de guérison
où l’on met en présence le malfaisant et celui auquel il a fait mal
pour qu’ils puissent mieux se comprendre et renouer leurs liens en se donnant un peu d’amitié…

On retrouve souvent une mauvaise conception du pardon dans les relations parents-enfants.
Si un enfant a fait quelque chose de mal
on commence par le punir…
et même si le geste qu’il a posé était involontaire: comme renverser un verre, casser une assiette.
Pour le punir, on l’envoie dans sa chambre, pire on lui donne une gifle…
Puis quand on pense que l’enfant a été assez puni, on lui pardonne en l’embrassant.
Cela peut faire penser à l’enfant qu’il n’est aimé que s’il se conduit correctement.
Qu’il n’est pas aimé gratuitement.

Cela laisse parfois des traces durables, tout au long de la vie,
car on risque de croire qu’on ne peut être aimé que si on est correct… avec les autres et… avec Dieu.

Le pardon est une guérison. Parfois cette guérison peut prendre du temps.
Il peut même arriver que nous soyons tellement blessés
que notre sensibilité est incapable de pardonner.
Ce n’est pas si grave… il faut reconnaître nos limites.
Ce qui est grave, c’est quand on décide consciemment qu’on ne veut pas pardonner,
ni maintenant, ni plus tard.

Pardonner ne se fait pas sans souffrance… le plus souvent.
La souffrance est d’autant plus grande que la relation blessée était plus forte.
Ainsi il me semble que Jésus a-t-il eu moins de mal à pardonner aux grands-prêtres
ou à Pilate
qu’à ses propres disciples, dont il a fait ses amis et qui l’ont abandonné, renié, trahi.
Jésus a même donné à ses disciples un signe de son pardon
avant même qu’ils ne l’abandonnent.


Les premières paroles de Jésus ressuscité sont pour donner aux disciples cette mission:
Il insuffle son souffle d’amour en eux
pour qu’ils remettent les péchés, pour qu’ils soient des porteurs de pardon.


Le pardon est fait pour faire renaître l’amour, grandir l’amour.
Pour qu’il existe, il faut qu’il soit donné et accueilli.
S’il y a réparation, cela viendra après.
Cet amour est difficile… nous sommes tous si pauvres en amour.
C’est pourquoi le chrétien va puiser cet amour qui pardonne
dans le coeur de Dieu: le coeur qui aime infiniment.


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Wilfried Christian

créateur de site internet Word Press ,Elementor

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