St Paul dans la Première Epître aux Corinthiens, parle pour la première fois d’eucharistie. Eucharistie vient du verbe grec « eucharistein » qui signifie action de grâce, action de remerciement, de louange et de joie. L’eucharistie chez les chrétiens désigne la célébration dominicale. La grande action de grâce des chrétiens s’exprime par les gestes que Jésus a fait lors de son dernier repas.

Remerciements et louange à Dieu 

 « A chaque messe, nous nous rappelons le premier sentiment exprimé par Jésus dans la fraction du pain et nous le revivons : le sentiment d’action de grâce » (Lettre de Jean-Paul II aux prêtres pour le Jeudi Saint 2005)

Par sentiment d’action de grâce, il faut entendre remerciement et louange adressée à Dieu,le Père. Il a en effet scellé une alliance définitive avec les croyants par la personne et la vie de Jésus, le Christ. L’Eucharistie, en tant qu’elle rappelle la Cène et les paroles du Christ, permet aux baptisés de revivre à la fois le don que Jésus fait de sa vie et le salut -c’est-à-dire la libération totale du mal – qu’il réalise, en acceptant par amour la souffrance et la mort sur la croix. Les baptisés disent à Dieu le Père leur reconnaissance pour sa fidélité indéfectible, sa présence et son amour qui les font constamment revivre. Tout cela par Jésus, qui est manifestation totale de Dieu.

Donner son corps et son sang, comme le fait Jésus, cela signifie donner sa vie .

« Le corps et le sang du Christ sont donnés pour le salut de l’homme, de tout l’homme et de tous les hommes. C’est un salut intégral et en même temps universel, parce que nul homme, à moins qu’il ne pose librement un acte de refus, n’est exclu de la puissance salvifique du sang du Christ. (…) Il s’agit d’un sacrifice offert pour « la multitude », comme le rapporte le texte biblique » (Lettre de Jean-Paul II aux prêtres pour le Jeudi Saint 2005)

L’homme tout entier a besoin d' »être sauvé » : en d’autres termes, il a en permanence besoin de vaincre tout ce qui menace et détruit son existence, non seulement physiquement mais aussi moralement. Il est appelé à une vie éternelle. Malgré toutes ses capacités et, d’une certaine façon, sa grandeur, l’homme est marqué par la fragilité et de nombreuses dérives. Cela dès son origine. S’il est fait référence à un « sacrifice », ce n’est pas au sens du sacrifice sanglant ni d’une sorte de marchandage avec Dieu, mais au sens d’un acte librement réalisé, par amour, par Jésus qui est Dieu lui-même, Dieu dans la chair et dans l’histoire. Seul Dieu peut sauver en donnant la vie éternelle.

Donner son corps et son sang, comme le fait Jésus, cela signifie donner sa vie. La haine et la mort sont vaincues sur leur propre terrain par celui qui est auteur de la vie : Dieu sauve, il opère le « salut » de l’homme. La résurrection concerne Jésus lui-même, qui ne reste pas prisonnier de la mort, mais également tous celles et ceux qui sont en lien spirituel avec lui. Les baptisés sont ainsi en permanence appelés à vaincre toutes les formes de mort qui se manifestent dans leur vie. Puisque Jésus Christ est manifestation du Dieu créateur et universel, ce « salut » ne concerne en fait pas seulement le baptisé, mais bien tous les hommes.

Quand Jésus dit « en mémoire de moi », il signifie « en ma présence ».

« L’Eucharistie est le « mémorial », mais elle l’est dans une mesure unique : non seulement elle rappelle la mort et la résurrection du Seigneur, mais elle les actualise sacramentellement. (…) Jésus a dit : « Vous ferez cela en mémoire de moi ». L’Eucharistie ne rappelle donc pas simplement un fait, elle fait mémoire du Christ ! « (Lettre de Jean-Paul II aux prêtres pour le Jeudi Saint 2005).

L’Eucharistie est ce que l’on appelle un « sacrement » : un rite, un signe visible et efficace, un geste permettant d’être en lien particulier avec le Christ vivant.
 
Elle est un « mémorial » tout simplement du fait qu’elle est célébrée « en mémoire de » Jésus Christ. Quand Jésus dit « en mémoire de moi », il signifie « en ma présence ». La mémoire n’est pas, en ce sens, le souvenir du passé mais une actualisation, une mise en présence.
 
Jésus demande à ses disciples de le rendre présent par ce rite symbolique, c’est-à-dire de rendre présente non seulement la dernière Cène, mais aussi tout l’Evangile qui précède, sa vie, ses paroles et ses actes. Il ne veut rien dire d’autre que : « je serai au milieu de vous, je serai présent même dans l’invisibl ».

Deux « signes » sont incontournables dans la célébration de l’Eucharistie.

 « Il est significatif que les deux disciples d’Emmaüs, bien préparés par les paroles du Seigneur, l’aient reconnu, alors qu’ils étaient à table, au moment du geste simple de la « fraction du pain ». Lorsque les esprits sont éclairés et que les coeurs sont ardents, les signes « parlent ». (……) C’est à travers les signes que le mystère, d’une certaine manière, se dévoile aux yeux du croyant. »(Lettre apostolique de Jean-Paul II pour l’année de l’Eucharistie (octobre 2004-octobre 2005)

Rappelons d’abord que les disciples d’Emmaüs ont été rejoints par le Jésus ressuscité, alors qu’ils repartaient tristement, persuadés de son échec et de sa mort. Lorsqu’il les a rejoints, qu’il leur a expliqué les Ecritures et surtout qu’il a rompu le pain, leurs yeux se sont ouverts et ils ont compris, à travers ces signes, qu’ils étaient bien en présence du ressuscité.
 
Deux moments, deux « signes », sont incontournables dans la célébration eucharistique :
 
1.    la prière à l’Esprit-Saint sur le pain et le vin, afin qu’ils deviennent présence effective de Jésus Christ et qu’ils nous aident à comprendre cette présence
 
2.    le don de ce pain et de ce vin aux fidèles, la « communion », le véritable partage eucharistique.
 
Ajoutons que lorsque les disciples d’Emmaüs reconnaissent Jésus, ressuscité, tout autour d’eux se réarticule: ils passent de la démission, à la mission, de l’angoisse à la confiance.

Les signes, les rites, toute la symbolique chrétienne ne peuvent réellement parler que lorsqu’ils sont, pour ainsi dire, « bien faits », ce à quoi Jean-Paul II fait référence, dans son encyclique sur l’Eucharistie, quand il parle de « dignité » de la célébration. L’expression « des esprits éclairés » ne désignent pas nécessairement ainsi des esprits « privilégiés » ou spécialement éduqués mais bien des esprits qui se laissent, dans la célébration, éclairer par l’Esprit Saint.

Le repas, c’est le temps, le lieu, où toute communauté se rassemble.

« La dimension la plus évidente de l’Eucharistie est sans aucun doute celle du repas. L’Eucharistie est née au soir du Jeudi saint, dans le contexte du repas pascal. Elle porte donc, inscrit dans sa structure même, le sens de la convivialité : « Prenez et mangez… (…) buvez-en tous…« . Cet aspect exprime bien la relation de communion que dieu veut établir avec nous » (Lettre apostolique de Jean-Paul II pour l’année de l’Eucharistie (octobre 2004-octobre 2005)
 
Le repas, c’est le temps, le lieu, où toute communauté se rassemble. La dimension retenue aurait pu être seulement celle du sacrifice de la croix. Mais le repas, qui porte en lui ce sens du partage communautaire, l’aspect festif de la convivialité, est un acte profondément humain. Il est socialement très significatif et traduit bien cette dimension indispensable de l’Eucharistie, la dimension communautaire et collective.

L’Eucharistie nous rend présents les mystères de la foi. 

« Le Sacrifice eucharistique rend présent non seulement le mystère de la passion et de la mort du Sauveur, mais aussi le mystère de la résurrection (…). C’est en tant que vivant et ressuscité que le Christ peut, dans l’Eucharistie, se faire « pain de vie », « pain vivant ». (Lettre encyclique de Jean-Paul II (2003) sur l’Eucharistie)
 
Dans la tradition religieuse, le mystère désigne ce qui relève du plus profond de l’existence et que l’on n’a jamais fini de comprendre. Pas nécessairement quelque chose d’incompréhensible ou qui ne s’explique pas. Quand bien même l’homme n’en aurait pas toutes les clefs, le mystère traduit un accès réel à Dieu, un renouvellement de notre vie par sa présence.
 
L’Eucharistie nous rend présents les mystères de la foi parce qu’elle est mémorial, rappel et actualisation des gestes et des paroles de la Cène, tout autant que de ce qui suivra,la passion, la mort et la résurrection.

Une présence « réelle »

« La représentation sacramentelle du sacrifice du Christ (…) implique une présence (…) « réelle » (…) : « Par la consécration du pain et du vin s’opère le changement de toute la substance du pain en la substance du corps du Christ notre Seigneur et de toute la substance du vin en la substance de son sang (…) » [Concile de Trente]. (…) L’Eucharistie est vraiment « mysterium fidei », mystère qui dépasse notre intelligence et ne peut être accueilli que dans la foi » (Lettre encyclique de Jean-Paul II (2003) sur l’Eucharistie)


 
Au coeur du sacrement, par la grande prière eucharistique et le don du pain qu’est la communion, se manifeste pour le baptisé et la communauté ecclésiale, une présence dite « réelle », c’est-à-dire véritable et spécifique, bien qu’invisible, du Christ ressuscité.
 
Un simple discours philosophique sur la matière ou la substance ne suffit pas à expliquer cette présence : elle relève véritablement d’un acte de foi.  

Le Christ est présent en nous de multiples façons.

« C’est précisément l’unique Pain eucharistique qui fait de nous un seul Corps. L’Apôtre Paul l’affirme : « Parce qu’il n’y a qu’un seul pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un seul corps : car tous nous participons à ce pain unique ». (…) Si l’Eucharistie est source de l’unité ecclésiale, elle en est aussi la plus grande manifestation »
 
L’image du Corps est particulière à saint Paul. Par la référence au Christ, elle rappelle beaucoup plus qu’une simple solidarité entre les membres. L’Eglise est plus qu’un corps social, elle est union des baptisés et des communautés ecclésiales dans leurs différences. Chaque membre du corps est profondément lié aux autres.

Le Christ est présent en nous de multiples façons : dans la célébration spécifique des sacrements, mais aussi au coeur de toute prière personnelle et ecclésiale, ou encore dans le lien intime de tout baptisé avec lui – quelles que soient les formes dans lesquelles s’exprime cette relation. Comme il était présent au milieu de la foule, Jésus l’est en chaque homme et au coeur de toute communauté rassemblée par sa Parole. Mais cette présence n’est jamais imposée à celui qui la refuse expressément. Elle peut prendre alors et mystérieusement une autre forme – proximité invisible jusque dans la distance – dans le respect de la liberté personnelle.

recueilli par Nelly Schumacher

Comment l’Eucharistie nous guérit-elle ?

Guy Lepoutre répond à la question d’une internaute : « Comment cela  peut-il se faire que Jésus nous guérisse dans l’Eucharistie » ?

Jésus guérit dans l’Eucharistie : comment cela peut-il se faire ? Pour répondre à cette interrogation, il est bon de regarder d’abord du côté de Jésus : s’il a institué ce sacrement, comme on dit, c’est qu’il a un grand et profond désir de se donner à nous !

« Zachée, aujourd’hui, il me faut demeurer chez toi ! » Luc 19 ; « J’ai désiré d’un grand désir manger cette pâque avec vous… » Luc 22,15. Donc, si vous voulez procurer de la joie à Jésus, vous allez l’accueillir en communiant ! S’il vient en nous, c’est dans un désir d’amour. Chez Zachée, c’est pour le réhabiliter à ses propres yeux et aux yeux de la société ambiante. C’est pour l’amener à faire les gestes de partage, de réparation et de générosité, suite à tant de biens mal acquis…

En laissant se diffuser son amour en nous

Ne disons-nous pas la parole du centurion au moment de communier ? « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une Parole et je serai guéri ! » Luc 7, 7.Donc, s’il se donne de façon si intime, en nourriture, en nous proposant de le « mâcher », verbe repris trois fois au chapitre 6 de saint Jean, c’est qu’il veut se communiquer dans la vitalité, la force et l’amour de son être ressuscité, et donc qui a surmonté le mal, la malédiction et la mort ! Il veut en somme diffuser sa présence, son amour, sa manière d’aimer, de résister et surmonter le mal, au plus intime de nous-même, dans tout notre être, le conscient et l’inconscient, la mémoire, l’intelligence, le vouloir, l’imagination… le corps et avant tout le coeur. 

En accueillant l’Esprit en nous

Car c’est par le coeur (ou l’esprit) qu’il se communique à nous. Oui, par le coeur ou l’esprit, car c’est bien le coeur-esprit, lieu originel des vertus théologales, à partir duquel le Saint Esprit qui habite en nous nous donne de croire, d’espérer et d’aimer… Or, quand nous recevons l’hostie, nous reconnaissons le Christ Jésus par la foi, nous l’accueillons dans l’amour-agapé et nous nous tenons dans l’espérance qu’il va nous unir encore plus à lui et à tous nos frères et soeurs, en Corps de Christ! S’il n’y a pas cela, le mystère de Jésus transite en nous… sans pouvoir s’y communiquer véritablement. La réception de l’hostie est spirituelle en même temps que physique.

En croyant à son intercession

Quand nous le recevons, nous l’accueillons le mieux possible, dans l’action de grâces, et nous lui demandons d’agir en nous pour le mieux de nos désirs et de ce que veulent le Père et lui…

 
Nous lui demandons aussi beaucoup de choses pour les uns et les autres : nous vivons tellement à ce moment là le mystère de son Corps, de la grande communauté humaine qu’il a tellement le désir de rejoindre, de sauver et de bénir !

 
Que tout cela puisse avoir une influence guérissante, spirituelle, psychique et physique, de près ou de loin, c’est évident. De grands croyants comme le Père Tardif recevait bien des grâces de guérison au profit de ceux pour qui il priait après la communion, dans les eucharisties qu’il célébrait.

Mais notre foi est-elle assez simple ?

Où en sommes-nous de notre foi ? Est-elle assez simple, assez fervente, assez profonde ? Mais, ce n’est pas une question de volonté : cette foi là, nous la demandons au Saint Esprit, de tout notre coeur! Evidemment, pour accueillir le Seigneur, il me faut être dans le pardon (ou le désir du pardon) ; non point dans la haine ; il me faut être pur, ayant rejeté le péché, autant qu’il est possible et dans la droiture, ayant vécu le sacrement du pardon, si c’est nécessaire : bref, venir avec un coeur accueillant et qui a faim de son Seigneur.

L’Esprit saint nous éduque en tout cela, pour que nous vivions le mieux possible et le plus souvent qu’il se peut ce Sacrement des sacrements, pour que nous soyons guéris et nourris par Celui qui nous aime tant et veut nous unir intimement à son humanité et à sa divinité.

Guy Lepoutre

Messe ou eucharistie : un peu d’histoire

Autour d’une table familiale

Dans les milieux conservateurs, on parle même de « la messe de toujours » donnant à penser qu’elle est toujours la même depuis les origines. C’est évidemment faire fi des leçons de l’histoire.

Au lendemain de la résurrection, quelques disciples se retrouvent pour se souvenir, pour faire mémoire du ressuscité.

S’ils demeurent des familiers de la prière juive, ils sont aussi porteurs d’une bonne nouvelle et d’une invitation à vivre un geste rituel dans le cadre d’un repas. C’est fréquent dans leur culture.

« Vous ferez cela pour faire mémoire de moi », avait précisé Jésus à ses apôtres. C’est ainsi que la pratique du « repas du Seigneur » prend tout naturellement place dans leurs habitudes de prière.

Du « repas » à la « messe » …

Le christianisme voit donc le jour autour d’une table familiale au lendemain de la résurrection. Il n’est cependant pas sans intérêt d’aller voir ce que cette table est devenue 12 siècles plus tard. On la retrouve dans un long bâtiment aux voûtes presque démesurées. Adossée au mur, cette table est devenue un autel et loge dans un sanctuaire fermé d’une haute clôture.

Que s’est-il donc passé? De toute évidence on a pris ses distances. Ce que l’architecture affirme avec éloquence traduit en fait l’écart qui s’est installé entre les chrétiens et « le Saint Sacrifice de la messe » comme on appelle alors le « repas du Seigneur ».

Écart avec Dieu aussi, car les hautes voûtes des cathédrales parlent davantage d’un tout-puissant bien haut dans les cieux et fort différent de ce Dieu de proximité et de communion dont le Christ s’était fait le prophète. Le sacré et le mystère ont lentement envahi tout l’espace.

La « messe d’alors » est à toute fin pratique, celle que l’on a connu jusqu’en 1964, au moment ou, avec Vatican II, on redécouvre la « messe des origines ».

Le retour aux origines

Commence alors la grande aventure de la restauration de la liturgie. Le mouvement avait été amorcé par Pie XII lui-même dans la foulée des recherches historiques menées un peu partout en Europe entre les deux guerres. C’est ainsi qu’il fut possible de retrouver le cœur et l’esprit de la grande tradition liturgique.

De la messe à l’eucharistie…

Quelques éléments principaux caractérisent cette restauration. Mentionnons abord le retour à une langue accessible à tous et le souci de la vérité des gestes. C’est ainsi que l’autel est redevenu une table autour de laquelle il est possible de se retrouver dans l’esprit même du repas des origines, le « repas du Seigneur ».

Même le mot « messe », faisant référence à l’Ite Missa est latin invitant à la mission et au témoignage, fait place maintenant au mot « eucharistie ». C’est pourtant un mot savant lui aussi, mais il évoque si bien la louange et l’action de grâce. Or c’est bien là le cœur de cette prière unique reçue du Christ et des toutes premières communautés croyantes rassemblées pour partager le repas du Seigneur.

Un repas fraternel à redécouvrir Jacques Houle c.s.v.  –  18 octobre 2011

« Vous ferez cela en mémoire de moi »

Pierre Simson, « Vous ferez cela en mémoire de moi » – Le sens de l’eucharistie aujourd’hui, Éditions de l’Atelier, Paris, 2006, 119 p.

Voici un vibrant plaidoyer en faveur de l’Eucharistie, table où Jésus accueille les publicains et les pécheurs, sans discrimination et nous invite à répéter ce geste en mémoire de lui.

L’auteur, un missionnaire d’Afrique français, bâtit son exposé autour d’une idée : le dernier repas de Jésus est le couronnement de tous les autres repas de Jésus. Et avec qui Jésus partageait-il ses repas? Tout le monde, mais en particulier les pécheurs. La commensalité de Jésus dans les évangile nous révèle la mission de l’envoyé du Père : apporter le salut aux pécheurs, aux marginaux, aux exclus.

Cinq repas de Jésus sont analysés brièvement :

  • Les invités qui se dérobent.
    Un festin qui donne le sens des repas de Jésus en tant que sacrement du Royaume. À ce festin, il n’y a pas de condition préalable d’admission.
  • Le repas nuptial.
    Un roi (sens messianique) prépare un repas où tous (les païens) sont admis sans condition, parce que les premiers invités (Israël) ne voulaient pas venir.
  • Le dernier repas de Jésus.
    Un repas partagé entre amis, mais où les pécheurs sont aussi présents : Judas qui va livrer son maître, Pierre qui le reniera et les autres qui l’abandonneront. Encore là, un repas où Jésus est le serviteur qui s’offre comme du pain rompu et partagé. Et Jésus nous invite à faire cela en mémoire de lui, à répéter ce geste de commensalité qui traduit l’immense amour du Père pour ses enfants.
  • Le repas d’Emmaüs.
    Jésus-Ressuscité est le compagnon sur nos routes humaines. Il nous aide à assumer nos désespérances. Il nous fait éprouver sa présence vivante dans le partage du pain. Cette rencontre avec le Christ, pain rompu, engendre la mission : les disciples retournèrent Jérusalem partager leur expérience.
  • Le repas du Seigneur à Corinthe.
    Ils étaient des repas partagés, chacun apportant sa part. Mais Paul dénonce les abus et les divisions. On ne peut pas prendre le repas du Seigneur sans d’abord s’éprouver soi-même.

Aujourd’hui encore, résonne l’invitation du Seigneur : « Vous ferez cela en mémoire de moi ». Nos eucharisties devraient permettre à la mission de Jésus de prendre davantage racine en nous et par nous : offrir, sans discrimination, la tendresse du Père par ce signe du repas avec les pécheurs et les marginaux.

L’auteur s’adresse à un large public avec un texte accessible à tous. On appréciera la clarté de son exposé et aussi sa brièveté.

Le sens de l’eucharistie aujourd’hui Julien Rainville c.s.v.  –  31 mai 2012

La messe : un univers de symboles

La raison d’être des symboles en liturgie

Qui n’a jamais entendu dire : « Bah…, c’est symbolique »? Et tout de suite de conclure que ce n’est ni grave, ni sérieux, ni trop engageant… Mais oui, c’est symbolique! Ne dit-on pas par exemple qu’un édifice a été cédé pour la somme symbolique d’un dollar?

Voilà bien tout ce qu’il faut discréditer l’univers symbolique de la liturgie. Pourtant quand on va à la messe, mieux quand on célèbre l’eucharistie, tous les gestes posés sont symboliques. Ils en constituent l’ossature. On les appelle aussi des gestes rituels. Mais sommes-nous conscients que le rôle des symboles n’est pas d’enjoliver, mais au contraire, de structurer et de nourrir la foi. L’univers symbolique est également celui des objets, des lieux, des espaces. À leur manière ils donnent d’entrer dans le monde de la communication comme de la communion. Et on le sent bien, le symbole est à la fois matériel et spirituel : « Une réalité concrète porteuse d’une invisible vérité ».

Réunir – Mettre ensemble – Faire le pont

Si dans le langage populaire la symbolique n’évoque rien de bien important, il en va tout autrement quand on remonte à ses origines. Le mot « symbole » lui-même vient d’un verbe grec qui veut dire mettre ensemble, réunir. On l’emploie aussi pour désigner l’action de tresser ou pour parler de deux fleuves qui se rencontrent et se réunissent en un seul. La fonction d’un symbole est donc de réunir et de faire le pont.

En liturgie il a pour fonction de faire le pont entre le visible et l’invisible, entre l’image et la réalité. Lorsqu’un jour Dieu a désiré communiquer avec l’humanité, il d’abord parlé. Il s’est révélé dans l’histoire d’un peuple par sa Parole. Puis « quand les temps furent accomplis… » sa Parole s’est faite chair.

C’est ainsi que la Parole de Dieu et plus tard le Christ sont devenus pour nous des moyens bien concrets de communiquer avec Dieu, de communier à sa présence. C’est ainsi que le Christ devenu sacrement de Dieu, nous donnant d’accéder à Dieu. Il se prolonge dans les sacrements à la fois paroles et gestes.

Ne plus faire qu’un

Or parler de signes aussi sensibles qu’une parole ou un geste, c’est entrer dans l’univers des symboles. Ce sont eux maintenant qui donnent accès à la foi et à Dieu. À ce titre, ils sont indispensables. La fraction du pain à Emmaüs, le baptême de l’Éthiopien, l’imposition des mains pour le don de l’Esprit-Saint à Saül, appartiennent au passage de la non-foi à la foi.

Le symbole ne fait donc pas qu’évoquer une réalité de la foi, il donne d’y communier intimement comme deux fleuves se rencontrant à leur confluence ne font plus qu’un.

En ce sens, il est significatif que la tradition ait conservé précieusement la toute première synthèse de l’enseignement des Apôtres en l’appelant Symbole des Apôtres. Sa fonction est bien de réunir, de mettre ensemble tous ceux et celles qui partagent leur foi. Ainsi l’acte de croire à la manière des Apôtres, donne de communier à Dieu dans sa triple dimension de Père, de Fils et d’Esprit en même temps qu’à ses frères et soeurs. C’est bien cela un symbole.

Faire le pont entre le visible et l’invisible, Jacques Houle c.s.v.  –  27 octobre 2011


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Wilfried Christian

créateur de site internet Word Press ,Elementor

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